Écriture

Comment écrire une scène qui fait peur ?

17/06/2019

Récemment, en travaillant sur mon roman, je me suis retrouvée face à une situation délicate : il fallait que j’écrive une scène effrayante, et je ne savais pas comment m’y prendre. De quelle façon la rendre crédible, palpitante et tenter d’insuffler quelques frissons à ceux qui la liraient ?

Du coup, j’ai pas mal réfléchi au sujet et fait des recherches qui m’ont été utiles.

Je vais donc vous livrer 6 astuces qui sont le fruit de mes réflexions sur le thème de la peur en littérature. Le but n’est pas de vous donner une méthode, mais plutôt de vous indiquer quelques pistes, à développer ensuite à votre façon !

Écrire avec les cinq sens

La peur est une émotion viscérale, qui prend aux tripes. Pour rendre une telle scène vibrante, on peut la décrire telle que la ressent le personnage dans sa chair, avec tous ses sens. Le souffle coupé, un bruit de pas qui se rapprochent, la peau qui frissonne, un goût de peur sur la langue … Ici comme ailleurs, le principe du Show don’t tell est efficace.

D’autant plus que décrire les sensations physiques du personnage permettra au lecteur de s’y identifier plus facilement … et donc d’avoir peur avec lui.

Retrouvez en fin d’article une fiche cadeau listant les 15 manifestations physiques de la peur !

Jouer sur ce qu’on ne voit pas

La scène d’épouvante qui m’a le plus marquée est tirée du roman Shining de Stephen King.

Danny joue seul dans un parc, entouré d’immenses buissons taillés en forme d’animaux. Il entend un bruit et, lorsqu’il se retourne, les buissons n’ont plus exactement la même position. L’enfant pense avoir rêvé et reprend ses occupations lorsque le bruit survient à nouveau. Il pivote et découvre que les buissons se sont rapprochés. La scène se reproduit, de plus en plus inquiétante. À chaque fois que Danny les regarde, les sculptures végétales sont immobiles, mais un peu plus proches de lui. Et dès qu’il leur tourne le dos pour fuir, il entend les feuilles bouger et sent les branches le griffer … ce qui est bien plus terrifiant que s’il voyait clairement les buissons le poursuivre.

Stephen King a augmenté le potentiel effrayant de la scène en jouant sur ce que le personnage ne voit pas, et en laissant travailler l’imagination du lecteur.

Voir tous les conseils d’écriture de Stephen King ici

Savoir doser le rythme

Le rythme est essentiel dans tout récit, mais il l’est encore plus quand on écrit une scène effrayante.

On peut notamment faire monter le suspens graduellement jusqu’à un point insoutenable, sans oublier d’alterner les passages tendus avec quelques moments de répit pour laisser souffler son personnage et son lecteur.

Il peut aussi être intéressant de jouer à l’ascenseur émotionnel. N’avez-vous jamais eu le cœur qui battait plus vite quand le héros d’une histoire, poursuivi par l’antagoniste, aperçoit une issue et se précipite dans sa direction ? On espère que le personnage s’en sorte, mais on craint d’autant plus que son poursuivant lui tombe dessus au dernier moment. À moins qu’il ne l’attende un peu plus loin …

Utiliser le décor

Le cadre de votre histoire peut servir à limiter ou piéger un personnage. Une forêt sombre, par exemple, ne lui permettra pas de voir ce qui l’entoure, et une maison fermée à clé l’empêchera de s’enfuir. On peut donc façonner son décor de manière à empirer la situation déjà tendue d’un personnage.

Mais le cadre peut aussi avoir une valeur plus symbolique, tout comme il peut instaurer un effet d’ambiance. Décrire un paysage oppressant exacerbera la peur de votre personnage face à la situation qu’il y vit. Ici encore, le Show don’t tell s’impose : comme le conseille Stephen King, mieux vaut dire en quoi une maison est sinistre (une façade grise, des tourelles tordues, des fenêtres sombres) plutôt que simplement écrire « une maison sinistre ».

Cela dit, on peut aussi jouer sur les contrastes, et mettre en scène un événement effrayant dans un environnement agréable, ce qui le rendra d’autant plus dérangeant. J’ai récemment lu un roman, La Bête du Bois Perdu de Nina Gorlier, où cet effet était bien géré (comme dans la scène où l’héroïne se retrouve happée au fond d’un lac ensorcelé, qui était en apparence enchanteur).

Laisser planer le doute

Le premier livre angoissant que j’ai lu est Le Horla de Maupassant, quand j’étais au collège. On y suit la descente aux enfers d’un homme, dont l’instinct lui souffle qu’il est poursuivi par une créature invisible. Cette histoire m’avait effrayée, sans doute à cause de son ambiguïté permanente : on ne sait pas si le monstre est réel ou si l’homme est juste en train de devenir fou.

Stephen King joue souvent sur la même ambiguïté, notamment dans La petite fille qui aimait Tom Gordon, où on ignore si l’enfant est réellement traquée, ou si son errance dans la forêt la fait délirer.

C’est un procédé qui fonctionne bien dans les romans d’épouvante, parce que le thème de la folie titille quelque chose en nous. Pas de secret : les récits d’épouvante qui terrifient le plus sont ceux qui savent jouer sur nos peurs intimes.

Analyser ce qui fonctionne

De nombreuses thématiques inspirent la peur, justement parce qu’elles renvoient à des angoisses tapies au fond de nous. De quoi avez-vous envie de parler ? D’une force malfaisante et surnaturelle qui nous dépasse, à la Stephen King ? Des horreurs commises par un serial killer ? D’une réalité futuriste terrifiante, qui exploite les failles de notre société façon Black Mirror ?

N’hésitez pas à lire des livres, à regarder des films et des séries pour réfléchir aux mécanismes de la peur. Il est toujours utile, quand on écrit, de chercher à comprendre pourquoi une fiction a provoqué en nous telle ou telle émotion. Être soi-même un grand lecteur (et téléspectateur) reste la meilleure façon d’apprendre.

Voilà, j’espère que ces réflexions sur la peur vous ont été utiles 🙂

CADEAU BONUS

J’ai conçu pour vous une fiche PDF listant 15 manifestations physiques de la peur. Utilisez-la pour mieux décrire les sensations des personnages de votre roman !

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  • Melliane le 17/06/2019 à 20 h 48 min

    Oh ça fait très longtemps que j’ai lu celui-ci !

    • Charlotte le 20/06/2019 à 15 h 06 min

      Tu parles de Shining ? Moi aussi je l’ai lu il y a très longtemps mais il m’a marquée.

  • Olga le 11/07/2019 à 13 h 55 min

    Rendre compte de la peur, de l’effroi, de l’horreur.. Selon moi l’un des exercices les plus périlleux de l’écriture (les autres étant la rédaction de dialogues et de premiers chapitres !).
    Merci pour ses conseils, ils sont clairs et pertinents puisque tu t’appuies sur des exemples concrets.
    J’arrive d’instgram et je découvre ton blog. Tu fais du si bon contenu, je pense te suivre de près !

    • Charlotte le 12/07/2019 à 18 h 07 min

      Merci pour ton gentil message 🙂

      Tu me donnes envie de faire un article sur l’écriture des premiers chapitres d’un roman, c’est un sujet qui me tente bien ! Je crois que dans mes archives il y en a déjà un sur les dialogues … Sinon pour compléter ton propos sur les aspects d’un roman les plus difficiles à écrire, dans mon cas il y a aussi les scènes sentimentales/d’amour, j’ai toujours peur d’en faire trop ou pas assez !

      • Olga le 21/07/2019 à 16 h 53 min

        En effet je n’avais pas pensé à la difficulté d’écrire des scènes sentimentales.. Pourtant ça doit vite devenir difficile de viser juste, surtout lorsqu’on ne souhaite pas tomber dans le stéréotype de la scène amoureuse mais que l’on craint à la fois d’écrire quelque chose qui ne fasse pas vibrer le lecteur. En tout cas, un article sur le sujet me plairait à coup sûr, tout comme un article sur les premiers chapitres !

        • Charlotte le 25/07/2019 à 9 h 09 min

          Je note 😉