Écriture

Technique narrative : Le fusil de Tchekhov

02/03/2020

Nous allons parler du fusil de Tchekhov, un principe narratif à connaître pour bâtir des intrigues en béton 😊

Lisez bien l’article jusqu’au bout, il y a un petit cadeau pour vous à la fin !

Qu’est-ce que le fusil de Tchekhov ?

Tchekhov est un écrivain russe qui a écrit de nombreux romans, nouvelles et pièces de théâtre au 19ème siècle. L’expression fusil de Tchekhov fait référence à un conseil qu’il a donné aux auteurs en herbe :

« Supprimez tout ce qui n’est pas pertinent dans l’histoire. Si dans le premier acte vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S’il n’est pas destiné à être utilisé, il n’a rien à faire là. »

Tchekhov nous encourage donc à n’évoquer que des éléments qui auront une utilité dans notre histoire.

Un outil pour bâtir une intrigue cohérente

Le fusil de Tchekhov rejoint un autre procédé narratif bien connu : la préparation et le paiement. Il s’agit de préparer une révélation, retournement de situation ou autre moment fort, en glissant, plus tôt dans le récit, un indice en apparence insignifiant. Le paiement est donc la réutilisation d’un détail déjà évoqué plus tôt.

On dit que les paiements sont très satisfaisants pour le lecteur, qui se sent « récompensé » pour l’attention qu’il a porté aux détails. De plus, ce procédé témoigne d’une intrigue bien huilée.

Voici un exemple tiré des Disparus du Clairdelune de Christelle Dabos (attention SPOIL passez à la partie suivante si vous ne voulez rien savoir du dénouement du livre).

Au début du roman, Ophélie lit dans la gazette locale qu’un embouteillage de matelas a perturbé la circulation dans un ascenseur. Cette information anodine (quoi qu’assez farfelue pour retenir l’attention) est glissée après un autre gros titre de ce journal, pour justifier le fait qu’Ophélie considère cette gazette comme une feuille de chou.

Sauf que … cette note prend une toute autre dimension lors du climax. On découvre en effet que les enlèvements sur lesquels enquête Ophélie ont été effectués grâce à des lits volés : c’est ce qui a causé le fameux embouteillage de matelas. L’info insignifiante qu’on nous avait mis sous le nez, l’air de rien, était en fait la clé de tout.

Un petit détail croustillant dont je viens de me rendre compte en écrivant cet article : dans Les Disparus du Clairdelune, le rédacteur en chef de la fameuse gazette s’appelle Mr. Tchekhov (hasard ou pas, allez savoir !)

À lire aussi : 8 conseils pour écrire de la fantasy

Comprendre le fusil de Tchekhov au sens large

Revenons à la citation de Tchekhov. En plus de nous conseiller de semer des indices à réutiliser plus tard, le dramaturge russe nous recommande aussi de supprimer tout détail inutile à l’histoire.

Il faut appréhender ce conseil avec une vue d’ensemble, car des éléments très variés peuvent être utiles à nos romans. En effet, une description peut établir une ambiance, un dialogue caractériser un personnage, une scène rajouter de la tension, une échauffourée faire évoluer la relation entre deux personnages … À leur manière, tous ces éléments sont utiles à votre roman et donc à conserver précieusement.

Que supprimer, alors ?

Une règle utile pour ciseler son roman

À l’instar de Tchekhov, de nombreux écrivains, comme Stephen King, nous conseillent de supprimer des passages de nos romans pour les rendre meilleurs.

Et, pour déterminer ce qui doit être conservé ou non, le fusil de Tchekhov – ou suppression de tout détail inutile – se révèle être un bon indicateur. La règle est simple : si un passage ne sert aucun aspect de votre roman (au sens large comme on l’a vu) alors vous pouvez vous en passer.

Le fusil de Tchekhov a ainsi l’avantage de nous pousser au minimalisme, à la construction d’une intrigue affûtée et donc percutante.

À lire aussi : Les conseils d’écriture de Stephen King

Rester souple et subtil

Comme pour tout conseil d’écriture, mieux vaut prendre du recul et twister les procédés narratifs afin de les adapter à l’histoire que l’on a envie d’écrire.

C’est à dire tirer le meilleur du fusil de Tchekhov mais en sachant rester subtil. Évitons les récits trop mécaniques et prévisibles, où le lecteur comprendra d’avance que chaque élément évoqué aura un rôle par la suite.

Certains auteurs, notamment de romans policiers, s’amusent d’ailleurs à parsemer leurs récits de détails qui n’auront aucun impact sur l’intrigue, dans le but d’y glisser quelques vrais indices bien cachés (c’est un autre procédé dramaturgique nommé « hareng rouge »). Cela dit, il serait inexact de dire que ces détails sont inutiles au roman, étant donné qu’il s’agit de fausses pistes destinées à rendre les vrais indices moins flagrants.

Voilà pour mon avis sur le fusil de Tchekhov !

Un autre procédé narratif à découvrir : Écrire un roman prenant grâce au cliffhanger

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  • Guylaine le 05/03/2020 à 12 h 54 min

    Merci pour cette découverte! Je ne connaissais pas ce procédé. En tous les cas, merci pour ces articles sur le thème de l’écriture, je les lis toujours avec plaisir et intérêt. Ils sont enrichissants.
    Guylaine

    • Charlotte le 05/03/2020 à 17 h 53 min

      Merci pour ton message Guylaine 🙂