Écriture

Comment écrire une bonne fin de roman ?

12/09/2022

La fin de votre livre est un passage crucial : elle détermine l’impact qu’aura votre roman sur ses lecteurs. Va-t-il se terminer en apothéose ou retomber comme un soufflet ? Tout dépendra de la qualité de votre fin ! Sans vouloir vous mettre la pression, bien entendu ^^

J’insiste là-dessus parce qu’il est essentiel de résister à la tentation de bâcler la fin de votre roman. Et ce, même si vous travaillez dessus depuis 2 ans, et que vous avez une furieuse envie de passer à un autre projet …

Dites-vous que s’il y a un passage à bichonner, c’est bien celui-là. Dans cet article, je vais vous y aider en décryptant les secrets d’une bonne fin de roman 🙂

Petite précision : je vais vous donner plusieurs exemples de fins issues de livres et de séries. Je ne vais pas annoncer le spoil à chaque fois, mais sachez que quand je mentionne une œuvre, je dévoile sa fin ensuite. Si vous souhaitez lire ou regarder ces fictions, évitez ces paragraphes pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte !

La fin doit conclure l’histoire

La fin d’un roman est le moment ultime où le conflit se résout. Sauf dans le cas des sagas en plusieurs tomes, un bon dénouement doit donc apporter une conclusion complète à l’histoire.

Les intrigues principales et secondaires doivent être dénouées. Veillez aussi à ce qu’aucune des graines que vous avez semées ne reste inexpliquée. Il est tentant d’éveiller la curiosité des lecteurs en instaurant du mystère au fil de l’intrigue … mais ne le faites que si tout s’explique à la fin.

Si vous zappez cette étape, les lecteurs risquent d’être déçus et de refermer votre livre avec un goût d’inachevé.

💡 Conclure l’histoire, c’est une chose. Mais encore faut-il savoir quel type de conclusion satisfera les lecteurs. Car la fin doit aussi respecter le genre du récit ! Dans une romance, on veut connaître l’évolution de la relation entre les deux personnages. Dans une aventure fantasy, la fin a plutôt tendance à mettre en scène un combat entre le héros et l’antagoniste. Dans un polar, on attend la résolution de l’enquête … Lisez des romans appartenant à votre genre littéraire pour connaître ses codes.

Écrire une bonne fin de roman

Mais elle peut rester ouverte

Boucler correctement l’intrigue de votre roman n’est pas incompatible avec le choix d’une fin ouverte. Cette dernière désigne un dénouement qui encourage les personnages à vivre autre chose … C’est une porte entrouverte vers un ailleurs. Cela ne veut pas dire qu’il faut laisser l’intrigue du roman inachevée !

📚 Les fins ouvertes permettent aux lecteurs d’imaginer la suite de l’histoire. Personnellement, je les aime beaucoup : cela me donne l’impression que l’univers et les personnages inventés par l’auteur ont une vie propre, qui ne se cantonne pas aux pages du livre.

Le meilleur exemple qui me vient en tête est la fin de Game of Thrones (version série télé). Une fois l’intrigue résolue, nous voyons les héros partir dans différentes directions : Jon s’en va au-delà du Mur, Arya embarque sur un navire, Sansa est couronnée … À nous d’imaginer ce qu’il adviendra d’eux ensuite.

Cela n’engage que moi, mais j’ai du mal avec les fins très fermées, où l’on nous résume ce que sera la vie des personnages à partir de la fin de l’intrigue jusqu’à leur mort, comme c’est le cas dans Le Seigneur des Anneaux. Je préfère m’imaginer les aventures qu’ils vont vivre 🙂

À lire aussi : Écrire un roman fantasy

La fin doit surprendre

Les fins les plus marquantes sont souvent celles auxquelles on ne s’attend pas. Autrement dit, ce sont celles qui présentent un retournement de situation. La fin apporte alors un élément crucial et nouveau, précédemment inconnu des lecteurs, qui leur fait voir toute l’histoire sous un autre angle.

💡 C’est le principe de la « chute », que l’on retrouve souvent dans les nouvelles. L’effet de surprise est tel qu’on a la sensation de tomber dans le vide …

Le roman Nous les menteurs de Lokhart met en scène une jeune fille traumatisée par un accident, qui part passer des vacances avec ses cousins, là où le drame s’est produit, pour essayer de reprendre pied. À la fin du roman, on se rend compte que ses cousins ont perdu la vie lors du fameux accident, et que les personnes avec lesquelles elle interfère pendant tout le livre sont en fait des projections mentales (ou des fantômes, selon le point de vue) …

Dans un autre genre, la nouvelle La parure de Maupassant raconte l’histoire de Mathilde, qui se sacrifie pendant dix ans, jusqu’à devenir pauvre, pour restituer à son amie Jeanne la parure qu’elle lui avait empruntée et qui lui avait été dérobée … La nouvelle se termine sur ces paroles de Jeanne : « Oh ! ma pauvre Mathilde ! Mais la mienne était fausse. Elle valait au plus cinq cents francs ! »

Écrire une bonne fin de roman

Tout en semblant inévitable

Même si les lecteurs sont surpris par votre fin, ils doivent se dire que votre roman n’aurait pas pu se terminer autrement. Une bonne fin doit se positionner en continuité du reste de l’histoire. Pour cela, tous les fils de l’intrigue doivent converger vers elle.

Au cours de votre roman, disséminez des indices qui prendront tout leur sens lors de la révélation finale. Ce procédé créera une impression de cohérence générale, et de satisfaction quand le lecteur se rendra compte que tout est lié.

À la fin du premier tome d’Harry Potter nous découvrons que le professeur Quirrell est possédé par Voldemort, à tel point que la résurgence monstrueuse du mage est incrustée à l’arrière de sa tête. Nous comprenons enfin pourquoi Quirrell semble toujours effrayé et porte un si gros turban, depuis le début du roman ! Notons d’ailleurs que l’auteure a jusque-là détourné notre attention de Quirrell en faisant peser les soupçons sur le professeur Rogue …

✍️ À contrario, évitez les fins qui se terminent sur un Deus Ex Machina. C’est-à-dire sur un élément « miracle » un peu facile et décorrélé du reste de l’histoire, qui vient sauver la situation de manière inespérée.

💡 Prenez aussi en compte l’évolution du héros. Au cours de l’intrigue, celui-ci connaît des difficultés, agit et se transforme. Du début à la fin du roman, il n’est plus le même. Une bonne fin de roman met en valeur cela.

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Une bonne fin peut être triste

La fin d’un bon roman peut tout à fait être négative.

Par exemple, Madame Bovary finit par s’empoisonner, laissant son mari mourir de chagrin … Ce dénouement malheureux n’a pas empêché le roman de Flaubert de devenir un grand classique !

✍️ Si vous sentez que l’issue qui complète le mieux votre histoire est tragique et que cela vous convient, n’hésitez pas à faire ce choix.

Cela dit, on peut adoucir une fin sinistre en laissant une lueur d’espoir. Le livre le plus triste que j’ai lu ces dernières années est Nos étoiles contraires, qui raconte l’histoire d’amour entre Hazel, adolescente condamnée par un cancer avancé, et Augustus, qui a lui aussi été malade, mais est en rémission.

Contre toute attente, le roman se termine sur la mort d’Augustus, qui a subitement été rattrapé par sa maladie. En revanche, l’auteur nous laisse entendre, par des indices discrets, que le cancer d’Hazel se stabilise, et qu’elle survit, temporairement du moins. La fin du roman reste immensément triste, mais cette petite lueur d’espoir vient contrebalancer le reste …

Citons un exemple un peu plus nuancé tiré de La Passe-Miroir. Les héros parviennent à sauver leur monde, mais le prix à payer est lourd : Ophélie perd ses mains tandis que Thorn disparaît de l’autre côté du miroir (sans parler de la mort de certains personnages secondaires).

C’est donc une fin mitigée, douce-amère. Le roman se clôt toutefois sur une perspective plus optimiste, puisqu’Ophélie part à la recherche de Thorn.

On gardera donc l’astuce de la note d’espoir pour adoucir une fin tristounette !

Écrire une bonne fin de roman

Ou joyeuse (mais pas trop)

Maintenant que je vous ai parlé des fins déprimantes, revenons à une tonalité plus gaie avec les histoires qui se finissent bien. À vrai dire, le sujet n’est pas plus simple !

On préfère quand les héros s’en sortent, mais pourtant, les fins très joyeuses ont tendance à nous faire lever les yeux au ciel. La preuve : l’expression « happy-end » a souvent une connotation péjorative.

Et pour cause : ces dénouements trop parfaits sont peu crédibles … dans certains cas. Tout dépend du genre du roman et de l’aventure que vivent les personnages.

Dans Ensemble c’est tout, nous suivons la transformation émotionnelle de Camille, qui a de gros blocages psychologiques. À la fin du roman, ses barrières cèdent et elle accède au bonheur. Ce happy-end n’est pas mauvais, puisque l’arc dramatique du personnage est bien mené sur tout le roman (ce qui n’est pas une mince affaire).

Comparons avec un roman au style bien différent. Dans le dernier tome d’Harry Potter, le héros et ses amis affrontent Voldemort, un mage noir surpuissant, accompagné de ses sbires … qui peuvent tuer d’un seul coup de baguette magique. Si le livre s’était fini sur un happy-end absolu, sans aucune perte du côté des « gentils », cette fin aurait-elle été bonne ? Nous aurions tous probablement levé les yeux au ciel ^^

Pour éviter cet écueil, l’auteure a modéré sa fin heureuse. Oui, Harry et ses meilleurs amis s’en sortent, et Voldemort est vaincu. Mais plusieurs personnages que l’on aime perdent la vie dans la bataille (Fred, Lupin, Tonks, Hedwidge …). C’est à ce prix que l’histoire reste crédible ! C’est une fin alternative, certes heureuse, mais tempérée.

✍️ En somme, que l’issue soit triste ou joyeuse, la modération me semble essentielle pour écrire une bonne fin de roman. Pensez-y !

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  • Liadan le 19/09/2022 à 22 h 48 min

    J’écris une trilogie. Je sais, plus cliché, c’est pas possible… Mais quand je clos mon premier tome, je clos l’arc narratif de mon histoire, mais j’ai aussi placé des graines qui devront germer plus tard pour l’intrigue. Est-ce que ça peut se faire de laisser deux questions qui ne sont pas au premier plan en suspens pour inciter à lire la suite ? ^^

    • Charlotte le 02/10/2022 à 21 h 14 min

      Oui bien sûr, l’écriture d’un one shot est bien différente de celle d’une saga. Dans ce dernier cas, toute la subtilité est justement de fermer l’arc narratif de son intrigue tout en laissant l’histoire (au sens plus large) ouverte pour la suite.

  • Enirtourenef le 01/10/2022 à 14 h 02 min

    Ben moi j’aime bien les fins très joyeuses, j’aime les lire ! Au contraire, quand c’est trop triste, je suis par terre, même si je sais reconnaître quand c’est verrouillé (je pense à « Ayesha » de Ange qui n’aurait pas pu être autrement). Côté fermeture d’une saga, on citera évidemment Robin Hobb ! Tous les dominos tombent pile poile dans « L’Assassin royal deuxième époque ».
    Côté écriture, je ne me prends pas trop la tête, je crois. Je suis jardinière, donc j’écris comme ça vient x)

    • Charlotte le 02/10/2022 à 21 h 15 min

      Robin Hobb est tellement talentueuse, c’est l’une de mes auteures préférées 🙂