Écrire un roman est un acte paradoxal : à la fois impulsif et réfléchi, passionné et méthodique. Certains écrivains bouclent un premier jet en quelques semaines, guidés par la fièvre de la création. D’autres prennent des années, voire des décennies, pour ciseler chaque chapitre.
Mais derrière cette différence de rythme se cache une même quête : comment écrire un livre fidèle à son intention, sans s’égarer en route ?
1. Écrire vite : la puissance de l’élan créatif
Écrire rapidement, c’est se laisser porter par le souffle de l’histoire. On ne s’arrête pas à chaque phrase pour douter et on avance, emporté par le flux créatif. Pendant ce laps de temps, on vit immergé dans son roman. Cette manière de faire repose sur un principe : la première version n’a pas à être parfaite, seulement écrite !
💡 Dans Écriture : Mémoires d’un métier, Stephen King nous conseille de rédiger le premier jet d’un roman en trois mois maximum, c’est-à-dire un trimestre d’immersion totale. Selon lui, trop prendre son temps dilue la tension narrative et rompt le lien émotionnel avec le texte.
Les bénéfices d’une écriture rapide
- Conserver la cohérence : écrire dans un laps de temps réduit permet de garder la même tonalité émotionnelle et la même voix, comme si tout le récit sortait « en un souffle ». On n’aura pas à harmoniser des parties de texte disparates, car le résultat est homogène.
- Contourner la peur du jugement : la vitesse empêche l’autocensure. On écrit sans se laisser l’occasion de se juger, d’hésiter, de se poser trop de questions. De toute manière, on n’a pas le temps de se relire …
- Maintenir le flux créatif : un rythme soutenu crée une dynamique favorable à l’inspiration. On reste vraiment dans sa bulle, comme imprégné par son histoire, son univers et ses personnages.
- Rester « focus » sur son roman : L’un des grands pièges de l’écriture est l’envie d’abandonner pour développer une autre idée qui nous paraît plus tentante (le fameux syndrome de l’objet brillant). Or, plus on prend de temps pour écrire, plus on aura envie d’explorer d’autres histoires.
Les limites d’un roman écrit rapidement
- Un texte écrit trop vite peut manquer de structure, de profondeur psychologique, ou d’unité thématique. Forcément, si on écrit plus rapidement, on prend moins le temps de préparer et d’approfondir son récit.
- Écrire dans l’élan créatif nécessite donc d’accepter une réécriture exigeante par la suite. Il faudra prendre plus de temps pour retravailler le texte, comme un sculpteur travaille un bloc de pierre brute. Et, pout certains auteurs, une réécriture trop conséquente est un motif d’abandon.
2. L’écriture lente : la maturation du texte
À l’opposé, certains auteurs considèrent que leur roman se construit comme une cathédrale : pierre après pierre, jour après jour. L’écriture lente permet à l’imaginaire de mûrir. Les personnages deviennent plus complexes, les motifs symboliques émergent avec le temps.
Personnellement, je me situe plutôt dans cette catégorie ! J’aime préparer un plan détaillé avant de passer à la rédaction, et, avant de commencer une séance d’écriture, je prends toujours le temps de relire/corriger ce que j’ai fait la veille.
Les vertus de la lenteur
- Baliser son trajet : écrire lentement va souvent de pair avec une bonne préparation. Or, poser les jalons de son histoire en amont rend l’écriture plus solide. Quand les fondations sont bien ancrées, on n’a moins la sensation de se jeter dans le vide au moment de commencer.
- Alléger sa réécriture : même si cette étape reste essentielle, elle est moins conséquente quand on a bien mûri l’écriture. Il y aura forcément moins de choses à corriger si on a réfléchi à son récit, que ce soit au niveau de la profondeur des personnages ou de la cohérence structurelle de l’intrigue.
- Travailler sa plume : en avançant plus lentement, on prend le temps de ciseler sa plume. On veille à bien écrire et on se relit régulièrement pour reformuler ses phrases. Ici encore, c’est l’assurance d’une réécriture moins massive.
- Pour certains auteurs, mieux soigner son premier jet permet de rester plus motivé, car le roman qui se construit sous nos yeux est meilleur. C’est très subjectif mais personnellement, je ne prends pas de plaisir à écrire un roman « à la va vite ».
Les limites d’une écriture lente
- La patience peut virer à l’inertie. Beaucoup d’auteurs tombent dans le piège du perfectionnisme : ils réécrivent indéfiniment leur début sans jamais le finir.
- Si on prend des années pour écrire son manuscrit, on peut se lasser de son histoire avant de l’avoir terminée. Avec le temps, on évolue : nos goûts, nos univers et nos sujets de prédilection aussi. Notre « voix d’auteur » peut changer.
- L’écriture lente exige une discipline accrue et une persévérance à toute épreuve, car il n’est pas évident de rester fidèle au même projet pendant des années.
Chaque écrivain a un tempo intime, lié à sa personnalité et à son rapport au monde.
Certains écrivent dans la fulgurance, d’autres ont besoin de laisser leurs idées maturer comme un bon vin. Trouver son rythme, c’est apprendre à écouter son souffle d’auteur, sans se comparer aux autres !
Cet article n’a donc pas pour but de vous dire à quel rythme vous devez écrire. Cela dit, il est utile de savoir où vous vous situez pour adapter votre méthode de travail.
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Je ne suis pas spécialement d’accord sur le manque de structure ou de profondeur psychologique d’un roman écrit vite. J’écris mes romans généralement en 3, 4 mois (pour des romans de 140 000 à 230 000 mots) généralement, et là je m’apprête à finir en moins de deux mois (disons un mois et demi si je finis ce week-end) un roman qui fera probablement max 80 000 mots et je n’ai, dans mes bêta-lectures, jamais eu de retour (et j’ai de bons bêta-lecteurs, hein, je précise ! :P), quels que soient les bêta-lecteurs, sur un problème structurel grave (j’entends qui couvrirait l’ensemble du roman et pas juste un chapitre) ou de psychologie des perso grave (idem). Je pense que ça dépend vraiment de chaque auteurs. Je sais que quand je suis en « mode écriture » je mange dors et travaille roman. Dans le bus, sous la douche, quand je cuisine (bon c’est moins vrai pour le dernier parce que je déménageais en même temps, avec plein de soucis administratifs, donc il va peut-être être moins précis que les autres sur ce premier jet) etc. donc je suis vraiment plongée dedans, c’est pas juste « écrire vite pour écrire vite » c’est que j’écris vite parce que je suis vraiment dans mon truc, j’imagine que ça change quelque chose sur le produit fini (enfin « fini », on parle d’un premier jet donc on s’entend xD)
Après je sais qu’il y a des auteurs qui à la fin d’un chapitre le relisent avant d’écrire le chapitre d’après, et pareil en changement de partie, ou même d’une séance à l’autre. Si je faisais ça j’aurais l’impression de ne pas avancer, je pense, et je voudrais trop corriger tout, je pourrais aussi me dire « c’est vraiment trop nul » et me décourager les jours où je ne vais pas bien. Pour le premier roman c’était vraiment un truc conscient de me dire je me relis pas, même pas ce que j’ai fait séance d’avant, je fonce je finis et on verra après. Le premier roman je l’ai écrit en 6 mois et y avait des incohérences de trucs que j’avais oubliés durant l’écriture, donc ensuite je me suis dit qu’il fallait que j’écrive en moins de 6 mois. Maintenant, le fait de ne pas me relire d’une séance à l’autre comme je le faisais avant c’est devenu une vrai méthode, enfin non pas une méthode, mieux que ça : c’est devenu naturel, et je SAIS ce que j’ai écrit avant, j’ai pas besoin de me relire. Quand j’ai un doute sur un truc, je me le note de côté pour la relecture (« vérifier que tel truc était bien à cet endroit » « dans quel sens s’ouvre cette porte ? » etc.) mais j’avance parce que je sais ce que j’ai écrit, je sais ce que j’écris, et je sais ce que je vais écrire. En gros, je sais où je suis, je sais d’où je viens et donc je sais où je vais.
En fait je suis en train de me dire que les problèmes d’un roman « écrit vite » dépendent dans leur apparition de si l’auteur a écrit vite par habitude parce que c’est comme moi par exemple naturel/une méthode ou si l’auteur a écrit vite pour se challenger alors que d’habitude il écrit plus lentement, et du coup, ne pouvant pas tout vérifier et tout planifier comme habituellement là apparaissent des problèmes. Et moi qui n’ai pas l’habitude d’écrire « lentement » sans doute que ça me ferait apparaître des problèmes, parce que ce n’est pas ma méthode naturelle.