Vous avez peut-être déjà entendu cette phrase : sans conflit, il n’y a pas de roman.
Elle est très juste, car tous les romans se construisent à partir d’un conflit. Si tout va à merveille pour vos personnages, vous n’aurez rien à raconter et votre histoire sera plate comme une feuille de papier !
Le conflit peut être externe au héros : une catastrophe naturelle à surmonter, un méchant à combattre, une enquête policière à résoudre … Mais parfois il vient du personnage lui-même. On l’appelle alors le conflit interne. Il peut s’agir d’une opposition entre ses sentiments et son sens moral, entre ses désirs et ses peurs, entre ses devoirs et ses valeurs, etc.
Quelle que soit son origine, le conflit interne est un ressort puissant qui permet d’écrire des histoires captivantes. Dans cet article, nous donc allons voir ce qu’il implique et comment le manier, puis je vous donnerai trois exemples de conflits internes vécus par des personnages de romans !
Les affres du combat intérieur
Le conflit interne est un tiraillement entre deux forces contraires qui s’opposent au sein d’un personnage.
Il s’agit parfois d’affronter ses démons, ses pires défauts, ses émotions les plus négatives pour les dépasser et mieux vivre ensuite. Le héros doit surmonter cette épreuve pour grandir ou résoudre un problème qui fait obstacle à son épanouissement.
Il peut aussi être question d’un dilemme, d’un choix douloureux à faire. Pour que le conflit soit puissant, il faut que les conséquences de ce choix impactent fortement la vie du personnage.
Quoi qu’il en soit, le conflit interne est l’occasion de voir le personnage se débattre, ce qui est poignant aux yeux du lecteur.
✍️ Mettez en contradiction le but que votre héros doit atteindre et une facette de sa personnalité. Ainsi, il doit se battre contre lui-même pour arriver à ses fins.
Le conflit interne comme moteur de l’intrigue
Comme je le disais en intro, le conflit est à la base de l’histoire. C’est pour le résoudre que les personnages se mettent en action.
On pourrait penser que le conflit externe est plus propice à la bonne marche d’un roman, mais pas forcément. Cela dépend notamment du genre littéraire … Beaucoup de romans psychologiques ou de romances se construisent avant tout sur le conflit interne d’un personnage (Bridget Jones choisira t-elle Daniel Cleaver ou Mark Darcy ?).
Et même dans les genres plus propices au conflit externe, comme l’aventure ou la fantasy, un conflit interne est toujours le bienvenu pour approfondir le récit.
Un combat intérieur créé de la tension et de l’attente. Voir le héros en proie à une lutte intime permet de se demander quel sera son choix final, ce qui induit du suspens.
✍️ Montrez la progression du conflit interne de votre personnage. Faites en sorte que l’une des deux forces qui le tiraillent l’emporte à la fin … C’est l’occasion de suivre l’évolution du personnage au fil du récit !
Un bon moyen d’approfondir un personnage
Un héros de roman déchiré entre des aspirations contraires est bien plus intéressant qu’un personnage lisse aux émotions uniformes … Plus subtil et nuancé, il gagne en crédibilité.
Dans la vie, nous sommes tous en proie à des émotions contradictoires à un moment ou à un autre. Il nous arrive d’avoir du mal à faire des choix. Soumettre un personnage au même processus le rend donc plus humain … ce qui permet une identification plus facile du lecteur.
Sans oublier que voir le héros souffrir provoque son empathie et son attachement.
Enfin, le conflit interne est l’occasion parfaite d’approfondir la psychologie de votre personnage.
✍️ Travaillez son fonctionnement, son passé et l’origine de ses contradictions. Ne lésinez pas sur ses failles et ses faiblesses, qui font le sel du personnage et sont à la base du conflit interne !
La passerelle entre conflit interne et externe
L’idéal, pour écrire une intrigue puissante et complète, est de faire entrer en résonance le conflit interne du personnage avec le conflit externe qu’il affronte. L’un peut être le symbole de l’autre.
Imbriquez-les et créez une passerelle entre ces deux types de conflits : c’est le meilleur moyen de donner une grande force émotionnelle à votre histoire.
Prenons l’exemple d’un roman policier. Imaginez un inspecteur de police, qui n’arrive pas à se remettre du meurtre de son épouse, survenu plusieurs années auparavant. Ce drame l’empêche de s’impliquer avec la nouvelle femme qu’il fréquente. Il s’interdit d’être heureux malgré son désir de reconstruire sa vie (= conflit interne).
Parallèlement, le même inspecteur enquête sur l’assassinat d’une autre femme, ce qui constitue le cœur de l’intrigue de notre roman policier (= conflit externe).
Le fait de résoudre ce meurtre et d’empêcher l’assassin de tuer à nouveau lui permettra de faire la paix avec ses vieux démons, et de régler à la fois son conflit interne et son conflit externe.
✍️ Soignez votre climax, c’est à dire le point culminant de votre intrigue. Celui-ci est d’autant plus puissant que vos deux conflits trouvent leur résolution à ce moment. Il fait vivre au personnage un point de bascule émotionnel qui le change profondément.
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💡 Le cas du combat perdu d’avance
Certains romans détaillent comment un méchant célèbre est passé du côté obscur de la force.
C’est le cas d’Heartless (Marissa Meyer) qui nous raconte le passé de la Reine de Cœur du pays des merveilles avant sa rencontre avec Alice. Ou celui de La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur (Suzanne Collins) qui explore la jeunesse du Président Snow, antagoniste d’Hunger Games.
Ces romans sont propices au conflit interne , l’idée étant de nous montrer comment des personnages normaux sont devenus malveillants : on les voit se débattre entre leurs bons et leurs mauvais côtés, tout en sachant très bien que les mauvais l’emporteront à la fin.
Ici, le combat intérieur est d’autant plus tragique que l’on en connaît l’issue malheureuse.
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😱 Trois personnages de romans soumis à un conflit interne
Attention, la suite de l’article révèle certains éléments d’intrigue des romans en question …
Tyrion Lannister
Le Trône de Fer, George R.R. Martin
Tyrion est tiraillé entre son désir inavoué de plaire à son père Tywin, qui l’a toujours rejeté, et celui de s’émanciper de sa famille dont il n’a jamais apprécié les valeurs. C’est le premier de ces sentiments contradictoires qui l’emporte, pour commencer. Tyrion organise avec brio la défense des Lannister lors de la bataille de la Néra, en partie pour faire ses preuves auprès de son père. Par la suite, malgré cette victoire, il est cruellement désavoué par Tywin, et finit par tirer un trait sur sa famille.
Elizabeth Bennet
Orgueil et Préjugés, Jane Austen
Vive et indépendante d’esprit, Elizabeth est vexée par les propos désobligeants de Mr Darcy à son égard, lors du bal où ils se rencontrent. Par la suite, elle n’a de cesse de nourrir son animosité envers lui. Lorsque Mr Darcy se dévoile peu à peu et montre son vrai visage, Elizabeth se sent attirée par lui mais lutte contre ce sentiment de toute la force de son orgueil et de ses préjugés. Au final, elle finit par délaisser son masque de fierté pour laisser libre court à son amour.
Matthias Helvar
Six of Crows, Leigh Bardugo
Matthias fait partie des Fjerdans, qui haïssent férocement les Grishas (des humains dotés de pouvoirs magiques). Le jeune homme est même devenu un Drüskelle, ordre de combattants dont la mission est de les pourchasser pour les tuer. Aussi, quand il tombe amoureux de Nina, une Grisha, il est déchiré entre ses sentiments et les valeurs qu’on lui a inculquées depuis qu’il est tout petit. Son amour prend le dessus sur sa haine, mais cela ne se fait pas sans une violente lutte intérieure.
Hello ! Ça faisait longtemps que j’attendais que tu publies un nouvel article, en plus le conflit interne est une étape que je n’oublie jamais dans l’écriture d’une histoire, j’aime vraiment mettre un conflit interne. Ton article est très bien expliqué, et pour une fois tous les conflits internes que j’ai écris correspondent à peu près à ce que tu décris alors je suis plutôt fière d’avoir réussi à écrire de bons conflits internes. Merci pour ce super article 🙂
Hello Lilas, c’est vrai que je n’ai pas publié depuis un moment, contente de te revoir par ici ! Bravo pour les conflits internes de tes personnages, ça prouve qu’ils sont travaillés et approfondis 🙂
Je n’y réfléchis jamais vraiment, je crois que ça me vient un peu tout seul (ou que ça ne vient pas haha xP). Dans Roman 1 mon roi veut détruire la ville d’où il vient pour se rassurer du point de vue de son ego (il est roturier, à la base). Dans Roman 2… je ne crois pas, ou alors un tout petit et à la fois très important c’est que mon héroïne est très attachée à la loyauté, l’honneur, la sincérité, etc. mais se retrouve à cacher la vérité à l’homme qu’elle aime sur son identité parce qu’elle a peur d’être rejetée. À la base, ça devait finir sur la mort de mon héroïne mais mon cerveau s’est rebellé tout seul en pleine nuit pour la sauver donc go sauver ma petite petiotte haha x)
Tes romans ont l’air passionnants ! Ahah ça m’est déjà arrivé aussi, le perso qui meurt sur le plan du roman mais que je n’arrive pas à « tuer » au moment de la rédaction.
J’attendais un nouvel article depuis longtemps ! Il est vraiment très bien expliqué, et très intéressant. Justement, en ce moment je démarre mon deuxième roman et je commence le conflit interne avec mon héroïne. Super article, j’ai hâte de lire le prochain 🙂
Merci Candice et bon courage pour l’écriture de ton deuxième roman 🙂
Wow ! C’est super comme retour cet article ! ^^
En plus, ça tombe bien parce que le moteur de mon histoire est justement un conflit interne (du moins celui de toute une famille dont les membres vont beaucoup se diviser et jouer à la girouette) ^^
Merci ! C’est super prenant ce genre d’histoire 😉
Oulala, j’ai plein d’article en retard !
Non plus sérieusement, celui là tombe pile au bon moment. Je suis en train d’écrire une histoire d’amour dans laquelle mon héroïne, niaise comme elle est, se torture inutilement sur lequel des deux garçons elle aime. En parallèle, l’un des deux garçons, fomentent une guerre contre l’autre.
Enfin bref, ton article vient de me conforter dans mon idée que mes deux conflits (l’histoire d’amour et la guerre), allait devoir se rejoindre à un moment. Merci beaucoup !
Bonjour Judith ! Voilà un bel exemple de conflits qui se rejoignent sur différents niveaux 😊