Je vous vais vous parler d’un roman que je viens de finir : Le restaurant de l’amour retrouvé, de l’écrivaine japonaise Ito Ogawa. Si j’ai moins aimé la deuxième partie du livre, j’ai en revanche beaucoup apprécié la première. Le début du roman, notamment, est une vraie leçon d’écriture tant il est accrocheur et singulier. Je vous propose d’en tirer trois enseignements !
1. Un début original et intriguant
L’histoire commence par la découverte déstabilisante faite par Rinco. Après une journée de travail au restaurant où elle est employée, elle rentre chez elle et découvre son appartement vide. Son amoureux, avec qui elle habitait depuis trois ans, ne s’est pas contenté de partir sans crier gare. Il a aussi emporté toutes les affaires de la jeune femme. Sous le choc, elle perd la voix et quitte la ville pour retourner chez sa mère, qui vit dans la campagne japonaise et avec qui elle est en froid depuis dix ans.
✍️ La situation dans laquelle se retrouve Rinco est marquante et peu commune. Elle attire l’attention tout en posant des questions : que va-t-il arriver à Rinco lorsqu’elle rentrera chez sa mère et, d’ailleurs, pourquoi sont-elles en froid ? C’est le genre de début de roman qui donne envie de lire la suite.
2. La caractérisation à l’œuvre
En découvrant son appartement complètement vide, Rinco se remémore ce qui s’y trouvait en mettant l’accent sur ce qui comptait le plus pour elle :
« Le mortier de l’ère Meiji hérité de ma grand-mère aujourd’hui disparue, le baquet en bois de cyprès dans lequel je gardais le riz au chaud, la cocotte en fonte Le Creuset enfin achetée avec mon premier salaire, les baguettes de cuisine à pointe fine dénichées chez un marchand spécialisé de Kyôto, le couteau d’office italien que m’avait offert le chef d’un restaurant bio pour mes vingt ans, mon tablier en lin si agréable à porter, les galets ronds indispensables à la confection des aubergines en saumure, sans oublier la poêle en fonte pour laquelle j’avais fait tout le trajet jusqu’à Morioka. »
✍️ L’air de rien, la mention des objets qui peuplaient la vie de Rinco nous permet de mieux la connaître. Nous apprenons que c’est une passionnée de cuisine qui a travaillé dans des restaurants cosmopolites, une perfectionniste qui aime la qualité, et qui avait un rapport privilégié avec sa grand-mère. Ainsi, cet incipit ne se contente pas de nous intriguer : il introduit l’héroïne pour nous plonger dans son univers.
3. L’effet immédiat de l’empathie
Dès les premières lignes, le roman d’Ito Ogawa nous fait entrer en empathie avec Rinco. Celle-ci ne vit pas seulement un chagrin d’amour brutal : elle se retrouve dépossédée de tout. Son compagnon a volé ses effets personnels mais aussi les économies qu’elle avait amassées pour réaliser son rêve d’ouvrir un restaurant, et jusqu’aux prunes séchées préparées avec sa grand-mère défunte, qu’elle gardait tel un souvenir précieux.
✍️ Nous pouvons tous comprendre le choc ressenti par Rinco. En plus de l’expérience universelle de la déception sentimentale, nous avons tous des objets qui ont une forte valeur émotionnelle, et sans lesquels nous nous sentirions dépossédés d’une partie de notre identité. Ainsi, ces premières pages nous font entrer en empathie avec l’héroïne. Actionner ce levier est un moyen ultra efficace de rendre un début de roman accrocheur, car on s’attache au personnage et on a envie de savoir comment il va s’en sortir !
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Bonne semaine à vous !