Écriture

4 façons de rendre votre héros crédible

04/04/2022

Avez-vous parfois l’impression qu’un personnage de roman est vivant et réaliste, à tel point qu’il semble exister en dehors des pages ?

Cet effet « magique » provoqué par les bonnes histoires est l’une des clés pour donner envie aux lecteurs de se plonger dans un roman comme dans un monde parallèle. C’est d’ailleurs l’effet que cherchent à obtenir tous les auteurs, lorsqu’ils créent leurs personnages.

Pour cela, pas de secret : afin de parvenir à rendre un personnage crédible et vibrant de vie, il existe des leviers précis à travailler lors de leur construction.

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir 4 d’entre eux 😋

1. Donnez corps à votre personnage

La première chose à faire, pour donner vie à un personnage de roman, c’est de le matérialiser. C’est-à-dire lui attribuer une présence physique, pour qu’il habite concrètement votre histoire et s’ancre dans l’esprit du lecteur.

Ne détaillez pas non plus votre personnage de la tête aux pieds : sélectionnez plutôt deux ou trois caractéristiques marquantes, afin d’en brosser un portrait efficace, sans empiéter sur la marge d’imagination de votre lecteur.

✍️ Attribuez-lui une caractéristique physique singulière. Et pas forcément flatteuse … Évitez le cliché du regard bleu lagon ou celui du corps de rêve, qui se rapprochent plus du fantasme que du personnage réaliste. Pour rendre votre protagoniste crédible et humain, n’hésitez pas à lui donner un vrai défaut physique ou même une gêne plus importante.

📚 Dans Six of Crows (Leigh Bardugo), le héros Kaz Brekker est jeune mais il boite sévèrement. Ce personnage est d’ailleurs indissociable de sa canne. Cette infirmité est un trait physique marquant qui le caractérise, le distingue des autres et participe fortement à son empreinte physique dans le roman. C’est également le moyen de nous révéler des choses sur le passé de Kaz. En effet, cette blessure est due à un événement vécu dans son enfance, qui est déterminant dans la trajectoire suivie par ce personnage …

À lire aussi : Un antihéros irrésistible pour votre roman

2. Faites-le parler de manière unique

Travailler la « voix » d’un personnage permet d’apporter des informations cruciales sur sa personnalité tout en lui donnant vie.

Si vous réussissez à donner à votre héros une manière de parler qui lui est propre, vous pourrez vous passer d’une bonne partie des incises de vos dialogues (dit-il, répondit-elle …). Le lecteur saura spontanément qui s’exprime rien qu’en lisant les répliques !

✍️ Plusieurs angles permettent de façonner le ton d’un personnage : son niveau de vocabulaire, le rythme de ses phrases, ses tics de langage, son expression fétiche, ou même les propos qu’il a tendance à tenir.

📚 Dans Le Trône de Fer (George R.R. Martin), les sentences favorites des héros révèlent souvent une facette de leur personnalité. « Tu ne sais rien, Jon Snow », réplique culte d’Ygritte, souligne la différence entre son vécu et celui de Jon : Ygritte est une sauvageonne rompue à la vie rude au-delà du Mur, tandis que Jon a grandi dans un château. Cette expression traduit aussi une certaine complicité (Ygritte se moque gentiment de Jon, elle le titille en pointant du doigt sa naïveté).

⚠️ Attention à rester subtil : à vouloir trop caractériser la manière de parler, on peut tomber dans l’excès (comme le personnage précieux qui ne s’exprime qu’avec des tournures alambiquées ou l’antagoniste grossier qui accumule les mots vulgaires). Sachez doser pour singulariser vos personnages sans pour autant les caricaturer !

3. Montrez sa personnalité par ses actes

En matière d’écriture, il existe un conseil basique que l’on entend souvent, quand il s’agit de donner vie à un roman : « Show don’t tell ». Cela signifie : « Montrez, ne dites pas ». Il s’agit donc de décrire subtilement les choses, au lieu de les énoncer froidement.

Ce principe s’applique en premier lieu aux personnages !

✍️ Si vous montrez que votre héroïne rougit et bafouille dès qu’elle s’adresse à un inconnu, votre récit sera beaucoup plus réaliste que si vous vous contentez de dire « Marine est timide ».

Montrer au lieu de dire, c’est remplacer des mots plats, juste informatifs, par d’autres qui créent une image mentale. C’est apporter du concret et de la texture au récit. C’est ainsi que les personnages deviennent vraiment vivants, dans l’esprit du lecteur.

📚 Stephen King en donne un bon exemple issu de son roman Misery : « Je me suis efforcé de ne jamais dire « Annie paraissait déprimée ce jour-là ». Si, en revanche, je suis capable de vous montrer une femme silencieuse, aux cheveux sales, qui se bourre compulsivement de gâteaux et de bonbons, c’est vous qui en tirerez la conclusion qu’Annie est dans un moment dépressif du cycle maniaco-dépressif, et j’ai gagné. »

4. Justifiez le comportement de votre héros

L’erreur fréquente qui décrédibilise un personnage, c’est de l’utiliser pour servir l’intrigue, sans tenir compte de sa personnalité. C’est la meilleure manière de le rendre plat et improbable ! Ne faites jamais agir votre personnage uniquement pour faire avancer l’histoire. Il doit toujours avoir une raison d’agir, quoi qu’il fasse.

Pour que votre héros soit crédible, il faut que ses actions découlent directement de sa personnalité. Ainsi, toute bonne intrigue résulte d’abord du fonctionnement intime des personnages. Une suite logique et naturelle doit les relier.

✍️ En amont de l’écriture de votre roman, travaillez sur la personnalité de vos personnages pour qu’elle soit bien établie, avec ses qualités et ses défauts. Ensuite, tenez-en compte pour définir la manière dont ils agissent.

📚 Dans Le Trône de Fer (George R.R. Martin) [SPOIL] le personnage de Ned Stark a un sens de l’honneur à toute épreuve. Cela fait de lui un homme honnête et fiable, respecté par les autres. Mais cette rigueur morale devient un défaut à Port-Réal, où il faut savoir ruser pour tirer son épingle du jeu. C’est d’ailleurs l’intégrité de Ned qui causera son exécution. Les conséquences de ce drame seront déterminantes pour la suite des événements. D’une certaine manière, c’est la personnalité de Ned qui met en route toute l’intrigue de la saga.

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  • Liadan le 04/04/2022 à 12 h 46 min

    Salut ! ^^

    Petite question pour la caractérisation des personnages !
    J’ai un personnage que je compare dès le début à une poupée de porcelaine. C’est une comparaison qui m’a toujours beaucoup attiré, mais que je trouvais plutôt clichée. Du coup, j’ai essayé de le rendre cohérent dans le contexte même de l’histoire. Le personnage est une prostituée que ses clients surnomment « poupée » parce qu’elle a de longs cheveux ondulés, des yeux bleus (assez répandue chez les poupées), elle a la peau assez pâle comme de la porcelaine parfois donnant l’impression qu’elle se fissure à cause de la mal nutrition, elle est aussi très fine (plutôt maigre au début de l’histoire) et petite à cause de ça. Et la comparaison est renforcée par le fait qu’elle donne l’impression de pouvoir être cassée dès qu’on la touche, d’autant plus que même psychologiquement, elle est plutôt fragile, au début de l’histoire. Du coup, j’avais envie de savoir, si j’avais plutôt bien adapté la comparaison ?

    Pour ce qui est de faire faire des erreurs à mes personnages, j’avoue que j’ai du mal, j’ai l’impression que ça fait très artificiel, alors que mes personnages ont de vrais défauts. Mais j’ai tendance à exploiter ça plus sous forme de dispute quand je fais le bilan de ce que j’écris, alors si je me dis que ça peut faire un bon rythme, une fois retravaillée, j’ai quand-même toujours du mal à faire faire à mes personnages des erreurs qui pourront revenir leur poser problème, plus tard dans le récit.
    Exemple : Dans Harry Potter, c’est le fait que Sirius soit inquiet pour son filleul en reconnaissant Peter sur une photo qui le pousse à s’évader d’Azkaban et démasquer Peter au cas où Voldemort revienne, mais Harry, qui se montre toujours très altruiste, préfère le livrer à la justice. Là, on a l’erreur de deux personnages qui déclenche en réalité ce que Sirius craignait, à savoir, le retour de Voldemort à cause de Peter.
    C’est ce genre de choses avec lesquelles, j’ai du mal, est-ce que tu aurais une astuce pour m’aider à leur faire prendre quelques mauvaises décisions ? Le but est pas qu’ils prennent tout le temps des mauvaises décisions, sinon, ils seraient insupportables, mais de temps en temps, j’ai besoin qu’ils ne prennent pas les bonnes :/

    • Judith le 04/04/2022 à 17 h 43 min

      Alors, je me permets de répondre même si le message n’était pas vraiment pour moi (désolée d’avance). Pour ce qui est de la « poupée de porcelaine », d’après la description que vous en avez faite, ça me parait très bien. Bien entendu, tout va dépendre de comment la formulation se présente mais si c’est bien amené, je pense au contraire que ça peut rendre encore plus « crédible » le personnage. (Et d’ailleurs, votre présentation de personnage me donne bien envie de lire votre roman…)
      Ensuite, pour votre exemple d’Harry Potter, je suis complètement d’accord avec vous, toute cette fatalité des événements m’a souvent énervée. Mais Harry Potter est un livre pour la jeunesse, il y a des subtilités qui ne sont pas les mêmes (sans dénigrer les livres pour enfants bien sure, surtout qu’ils vont avoir tendance à adorer découvrir après coup que tout était lié). Personnellement, je pense que les erreurs des personnages sont utiles à faire avancer l’intrigue mais je ne baserais pas trop de chose juste sur ça… Mon héroïne fait de temps à autres des erreurs, surtout de jugement, et finalement, elles ont tendances à venir toutes seules, tout simplement lorsque qu’elle se retrouve confrontée à une situation qui est trop opposé à son tempérament. A partir du moment que votre héroïne n’est pas parfaite et que les gens autour d’elle ne sont pas tous ses jumeaux de caractère, les erreurs devraient venir naturellement sans être des erreurs qui paraissent complètement fausse.
      J’espère vous avoir aidée, même si je ne suis moi même pas experte en la matière et que j’expérimente aussi pas mal sur le sujet

      • Liadan le 10/04/2022 à 4 h 26 min

        Merci pour ta réponse ! T’inquiète pas, ça ne me dérange pas que tu réponde, au contraire, même ^^

        Je suis super contente si la description que j’ai fait de mon personnage t’ait donné envie de lire et que la comparaison avec la poupée de porcelaine semble suffisamment détachée par rapport à ce qu’on peut voir d’habitude ! J’ai juste un problème avec ce personnage, c’est que par rapport aux autres personnages principaux, elle a moins de place donc j’aimerai bien faire une nouvelle centrée uniquement sur elle ^^

        Pour Harry Potter, je ne pense pas qu’il s’agisse réellement de fatalité parce que l’autrice a bien mis en place que ce principe n’est pas dans l’univers. Elle met bien l’accent sur les choix que l’on fait, justement et c’est l’une des choses qui font que j’aime beaucoup cet univers et ces personnages. Elle tisse très bien ses intrigues, même si parfois, je peux me poser des questions qui n’ont pas de réponses comme : « Vous avez une pensine, un véritasérum et la légilimancie et vous êtes pas fichu de mettre tout ça en commun pour vérifier la culpabilité d’une personne ? Normalement, il devrait plus y avoir de criminels en liberté et d’innocents en prison… ».

        Je pense aussi qu’il faut que les personnages fassent des erreurs, mais que tout un roman soit basé là-dessus ou alors ça doit être humoristique XD
        Après, j’ai des disputes, mais pour l’instant, mes personnages n’ont pas de « choix » à faire qui peut les pousser à faire des erreurs.

    • Charlotte le 11/04/2022 à 10 h 04 min

      Liadan :
      J’aime bien ta comparaison avec la poupée de porcelaine, justement parce que tu la revisites en la plaçant dans un contexte original, qui contraste avec les représentations habituelles de ce type d’images. Si j’ai bien compris c’est un personnage secondaire, je trouve ça top de bien les travailler (cela fait partie des éléments qui font un roman riche, selon moi). Pour ce qui est des « mauvaises décisions » de tes personnages, je ne pense pas qu’il faille chercher à leur en attribuer absolument. Mais plutôt leur donner autant de défauts que de qualités, et les faire agir naturellement ensuite (s’ils ont de vrais défauts ils feront normalement des petites erreurs). N’en fais pas non plus un dogme à appliquer à tout prix, écris tes personnages avec leurs faiblesses et tu verras où elles les mènent.
      Judith :
      Merci pour tes conseils 😊 je suis d’accord avec toi quand tu dis que les erreurs viennent naturellement, si le personnage est imparfait.

      • Liadan le 01/06/2022 à 0 h 15 min

        Merci ! ^^
        En fait, à l’origine, c’était un personnage secondaire, puis, elle est devenue un personnage principal au fur et à mesure que je la travaillais, mais finalement, je me suis résolue à la rétrograder à nouveau à personnage secondaire 🙁
        J’adore aussi les personnages secondaires bien travaillés ! D’ailleurs, deux personnes qui vont aider Dorothée à sortir de sa maison clause sont très travaillés et représenteront un mystère et je l’espère un bon rebondissement pour mon personnage principal et les potentiels lecteurs ^^

        Pour l’instant, j’ai des conflits, mais pas forcément de mauvais choix. En fait, si… un mauvais choix qui est à l’origine de mon histoire, mais c’est tout ^^’

        • Charlotte le 01/06/2022 à 9 h 52 min

          Un mauvais choix c’est déjà très bien, surtout s’il est cohérent avec le reste de ton histoire ! C’est vrai que des personnages secondaires complexes et intéressants sont super importants quand on écrit un roman.

  • Miss Ravenclaw le 07/04/2022 à 17 h 11 min

    Bonjour,
    J’aurais une petite question par rapport aux personnages. Je me suis lancée dans l’écriture d’un second « gros » roman en novembre 2021 environ, et j’ai l’impression que mes personnages sont trop parfaits… Il m’arrive de me lasser d’eux, alors je n’imagine même pas pour un lecteur… J’ai beau essayer de leur donner des défauts, je ne sais pas quoi leur mettre car je ne veux pas les rendre horribles, égoïstes, incapables ou quoi… Ils n’ont pas vraiment de défaut physique non plus, mais là encore je ne sais pas trop comment faire car j’ai peur que les lecteurs ne puissent pas s’identifier aux personnages…
    Deuxième question, j’écris pour moi mais je rêve d’être publiée. Bref, dans les romans, je trouve qu’il n’y a pas assez de couples LGBT+, ou bien un seul pour être bien vu, et jamais sur le personnage principal… Et moi, j’ai imaginé une romance entre mon personnage principal et sa meilleure amie. Mais, j’ai peur de recevoir des critiques des gens. Et si je ne le fais pas, j’ai peur que les gens me critiquent car il n’y a pas de couples LGBT… Comment faire pour écrire en ME faisant plaisir et arrêter de penser aux critiques, car cela me bloque vraiment dans l’écriture de mon livre…?
    Troisième question, pourrais-tu faire un article où tu nous aides à trouver une fin ? Car je ne sais jamais quoi choisir : une fin basique où les héros gagnent et les méchants meurent ne m’emballe pas trop. Une fin où les méchants gagnent ne m’intéresse pas vraiment. Une fin alternative ne colle pas avec le style de mon roman. J’aimerais écrire une fin ouverte, mais je ne sais pas comment m’y prendre.
    Désolée pour ce long commentaire, j’espère que tu prendras le temps de répondre à mes questions.

    Bonne fin de journée,
    Miss Ravenclaw.

    • Liadan le 08/04/2022 à 12 h 49 min

      Tu sais, si tu as envie de mettre un couple LGBT, c’est toi que ça regarde ^^
      Personnellement, j’en mets toujours plusieurs dans mes histoires parce que je suis bi et que je connais plusieurs personnes qui se sont révélées avoir une attirance pour les deux genres donc fais comme tu le sens ^^
      Après, si je peux faire un parallèle avec l’histoire que je suis en train d’écrire en ce moment ?
      Je suis blanche et j’ai réalisé que quand je commençais à créer un personnage, il était automatiquement blanc dans ma tête (pour ma défense, je ne suis pas particulièrement sociable et aucun membre de ma famille ne semblait se lier à une personne de couleur donc j’ai tout simplement pas l’habitude). Mais j’ai eu peur qu’on me dise qu’il y avait jamais de personne noire, que j’étais raciste, alors que j’utilisais d’autres cultures comme le japonais et l’hindouisme. J’en suis venue à l’idée de créer un personnage spécifiquement noir et de le mettre en personnage principal, après j’ai travaillé sa psychologie et en fait, à force de travailler toute mon histoire et tout, j’en ai presque fini par oublier pourquoi je l’avais créé et au final, elle s’est retrouvée métisse avec des frères et sœurs tous métis et un père noir et en gros, ils correspondent à la majorité de mes personnages principaux donc ça s’est fait plutôt naturellement.
      Pour conclure, je dirais que si tu as envie de mettre un couple LGBT au premier plan, fais-le et vois comment tu laisses les choses évoluer. Au fil du temps, tu finiras par voir si tu trouves que leur relation est bien réalisée ou non ^^
      Donc créé ton couple et tu verras si tu es à l’aise avec le principe ^^

    • Charlotte le 11/04/2022 à 10 h 36 min

      Miss Ravenclaw :
      Au contraire ! Je pense que les lecteurs s’identifient justement aux personnages imparfaits parce qu’ils ont des défauts et sont humains, comme eux. En ce moment je lis Les aventuriers de la mer (Robin Hobb) et les personnages sont vraiment bien construits. Notamment Kennit qui est un pirate égoïste, manipulateur avec une jambe de bois (donc avec un handicap physique et de gros défauts sur le plan moral), qui est pourtant l’un des personnages les plus intéressants de la saga ! Pour ce qui est des couples LGBT, je te conseillerais plutôt d’en placer si tu en as envie, mais de ne pas te forcer à le faire si ce n’est pas le cas. Personne ne va te repprocher d’en mettre ou de ne pas en mettre en scène dans ton roman … (mais si il existe plein de héros de romans LGBT !). Je note ta question sur la fin, qui pourrait faire une bonne idée d’article.

      Liadan :
      Merci pour tes conseils !