Un mois après la sortie de mon petit dernier, il est temps de faire un bilan écriture ! Ces dernières années, j’ai écrit et publié trois livres : Le royaume sans ciel (Magic Mirror Editions) et les deux tomes de ma duologie pirate, Red Stone et Dark Abyss (Big Bang). Avec le recul, j’en retiens plusieurs enseignements. Je vous les livre dans cet article, en toute sincérité et subjectivité ✍️
1. L’écriture n’est pas un long fleuve tranquille
C’est plutôt une mer tumultueuse !
On passe par des états émotionnels contrastés lors de l’écriture d’un roman. A l’exaltation des premiers chapitres succède souvent une phase de doute, voire de désintérêt, avant que l’on s’enflamme à nouveau pour son histoire. Il n’est pas rare de connaître une traversée du désert au milieu du roman, puis de retrouver le goût d’écrire un peu plus tard.
En somme, le cheminement qui mène à un récit fini ressemble plus à des montagnes russes qu’à une route toute tracée. Et c’est bien normal : la tâche est longue et minutieuse, on ne peut pas rester motivé de bout en bout.
Pour chacun de mes trois romans écrits, j’ai connu une période de découragement, un moment où j’ai failli abandonner. Qu’est-ce qui m’en a dissuadé ? Le fait d’avoir déjà entendu plusieurs auteurs parler de ce phénomène, qui touche la plupart des écrivains. Comme quoi, ça peut servir de lire des témoignages sur l’écriture avant de s’y mettre !
Une chose est sûre : si j’avais écouté mes émotions, et la petite voix trompeuse qui me disait de lâcher l’affaire, je n’aurais jamais fini ni publié un seul roman.
2. Les nouvelles idées sont tentantes
Ce point est lié au précédent. Car la raison n°1 qui me donne envie d’abandonner un roman en cours d’écriture, ce sont les nouvelles idées qui surgissent !
Et pour cause : au début d’un projet, on est exalté par sa nouveauté. Notre créativité est en ébullition, et ce phénomène envoie une forte dose de dopamine (l’hormone du bonheur) à notre cerveau. Du coup, on devient dépendant à cette sensation grisante.
Lorsque l’effet retombe, on se laisse facilement tenter par la première idée qui passe.
Mais si on suit cette logique, on ne finit jamais une seule histoire.
Pour contrer ce phénomène, j’ai l’habitude de noter toutes mes idées et ébauches de romans dans un carnet, ou sur un fichier Word dédié. Pour m’en occuper plus tard.
Depuis peu, j’expérimente aussi une nouvelle approche : j’entrecoupe mon projet long avec des textes plus courts, pour me changer les idées sans abandonner mon manuscrit principal.
Ainsi, ces derniers temps, j’ai écrit une nouvelle pour un appel à textes (30 000 signes) et un récit orienté presse jeunesse (15 000 signes). C’est nouveau pour moi qui ne suis pas habituée aux projets courts. Je ne sais pas si ces textes seront publiés, mais j’ai adoré les écrire !
3. Un roman est une matière mouvante
Quand on termine son premier jet, on a tendance à penser que le travail est fini. C’est une impression trompeuse.
Il faut revenir maintes fois sur le texte pour le perfectionner, comme un sculpteur qui travaille un bloc de pierre brute. Pour beaucoup d’auteurs, la réécriture est même plus longue que le premier jet.
La version initiale d’une histoire est très imparfaite. Mais ça, on ne peut pas s’en rendre compte quand on vient de l’écrire. A chaud, tous les auteurs ont un avis subjectif sur leur texte, ce qui est bien normal. D’où l’intérêt de le laisser poser plusieurs semaines pour le redécouvrir ensuite d’un œil neuf …
L’autre étape indispensable, ce sont les bêta-lecteurs à qui l’on fait relire le texte. Leur regard extérieur aide grandement à l’améliorer.
Enfin, si vous parvenez à faire publier votre roman, il sera évalué par un éditeur, qui vous demandera de le modifier à nouveau. Parfois, ce sont des pans entiers de l’intrigue qui bougent.
En fait, jusqu’à validation du BAT (le bon à tirer, c’est-à-dire le document qui va être imprimé), le texte peut changer, évoluer, être amélioré. Et c’est une très bonne chose !
4. Il y a un gouffre entre les conseils et leur application
Lire des conseils d’écriture est une excellente habitude quand on veut s’y mettre.
Comme je le disais plus haut, c’est grâce à ce type de contenus que j’ai réussi à tenir le cap et à ne pas abandonner l’écriture de mes romans. Si je n’avais pas profité de l’expérience d’auteurs confirmés, je n’aurais jamais su qu’il était normal de galérer au début, ou d’avoir des phases de découragement.
En revanche, je pense qu’il faut garder deux choses en tête :
– Nous sommes tous différents et nos routines d’écriture le sont aussi. Tous les conseils ne sont pas faits pour tout le monde (par exemple, il y a des auteurs jardiniers et des auteurs architectes). Il faut donc garder un recul critique sur ce qu’on lit, pour décider soi-même de ce que l’on adopte et de ce que l’on met de côté. Fuyez les conseils péremptoires. Faites des essais, et ne vous découragez pas si ça ne fonctionne pas pour vous. Aucun concept n’est vrai universellement. Façonnez votre propre manière d’écrire.
– Il y a une différence énorme entre connaître un principe d’écriture et l’appliquer. Comprendre les mécanismes de l’arc narratif d’un personnage est simple. Réussir à le mettre en place correctement peut prendre le temps de plusieurs romans. Surtout quand il faut gérer parallèlement une intrigue et tout le reste. C’est un concept qui me pèse parfois, parce que le fait de tenir ce blog m’expose particulièrement à cette dualité. Soyez patient et tolérant avec vous-même ❤️
5. Tout n’est pas plus facile après plusieurs romans
On pourrait croire qu’écrire devient plus simple avec l’habitude, comme un muscle qui s’exerce.
Eh bien, pas forcément !
Certes, il y a des choses qui s’améliorent. Les mots viennent plus facilement, les phrases sont plus fluides. L’écriture est plus rapide. On s’en sort mieux avec les personnages, l’intrigue, les descriptions et la construction du récit en général.
Par contre, certaines difficultés restent les mêmes. Notamment la résistance (dont je parlais ici), les blocages ou les phases de doute.
Personnellement, aucun des livres que j’ai écrits ne ressemblait au précédent : chacun a présenté de nouvelles difficultés. Pour Red Stone, il me fallait réussir à écrire un roman, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Pour Le royaume sans ciel, il s’agissait de mêler trois réécritures en une seule intrigue 🙃. Pour Dark Abyss, je devais écrire la suite et fin d’un roman écrit des années plus tôt.
Bref, tous ces projets représentaient de beaux défis !
Mais ce qui est génial, c’est que le plaisir reste le même qu’au début. La magie de donner vie à mon univers, de faire avancer mon intrigue, de sentir mes doigts courir sur le clavier quand je suis inspirée par une scène. L’agréable surprise de découvrir qu’un personnage est différent de ce que j’avais prévu pour lui. La sensation d’accomplissement quand j’ai posé le point final. Et c’est ça que je retiens, au final 😊
Voilà pour ce petit bilan !
Ici, je me suis concentrée sur l’écriture, mais si ça vous tente, je pourrais faire le même type d’article sur la publication.
C’est bien vrai ce que vous dites ! Et merci de le dire. Je suis moi-même passé par ces phases hautes et basses. Merci et bonne route à vous !
Merci pour ce message 🙂
Merci, merci de tout coeur. Vous me rassurez, plus j’écris et plus je doute. Le mauvais doute, pas celui qui fait avancer, celui qui vous dit : tu écris de la m… C’est mon cinquième livre, plus dur que jamais peut être parce ce que je suis dans l’exigence.
Oui c’est vrai que le doute peut s’accentuer au bout de plusieurs romans écrits, car on est plus exigeant et on se rend davantage compte de ses faiblesses. Mais au bout de 5 livres vous avez fait de grands progrès, c’est sûr !
Merci pour cette synthèse bien explicite, qui fait écho !
Très intéressée par votre proposition du même type d’article consacré cette fois à l’édition.
Merci ! Quand j’aurais pris un peu de recul je ferai cet article, alors.
Merci beaucoup pour ce partage sincère et pour votre blog de manière générale.
Écrire est un métier solitaire, et recevoir ce type de témoignages est vraiment réconfortant. J’en suis actuellement à mon septième roman, et les deux précédents sont sortis en janvier pour le tome 1 et septembre porchain pour le tome 2 de cette série d’anticipation . Je suis donc en pleine relecture (BAT) de ce tome 2, tout en travaillant à la réécriture de mon dernier « bébé » qui traite du microbiote (!).
C’est parfois un véritable supplice. Un an s’est écoulé depuis l’envoi du texte à l’éditeur. Mon écriture a évolué depuis, et je ressens souvent une profonde déception à l’idée de publier le roman en septembre tel qu’il est aujourd’hui, alors que j’ai moi-même évolué. Mais c’est ainsi. Il faut savoir lâcher prise à un moment donné.
Oui, vous avez mille fois raison, il est important de ne pas se décourager. Dans ces moments-là, je pense à ma motivation première : pourquoi j’écris, pour quoi, pour qui ?
Revenir à nos histoires et nos personnages est aussi, comme pour un artisan (vous mentionnez le sculpteur), la matière première qui nous nourrit et nous aligne sur nos projets !
Merci encore !
Merci pour votre message ! Je comprends, c’est normal (et positif !) d’évoluer au fil des romans, et de ressentir un certain décalage par rapport à un roman tout juste publié mais écrit des années plus tôt. Je pense que c’est le cas de beaucoup d’auteurs. Et en effet, quand un livre sort, il faut savoir lâcher prise, car il y aura toujours des lecteurs qui accrocheront et d’autres pas, comme pour toute création artisitique.
Merci Charlotte pour cet article. Il me redonne confiance alors que je suis dans un flou total. Je viens de terminer ma première trilogie et suis encore sous le charme de mon premier protagoniste. J’ai entamé un livre compagnon et une nouvelle pour la newsletter que je n’ai pas encore créé. J’adore écrire, mais les réseaux sociaux m’angoissent. Comme je veux publier en AE, cela n’aide pas ! je vais garder ton article précieusement et le relire à chaque fois ( c’est-à-dire souvent pour le moment) que je me sentirai quelque peu découragée.
Merci Danièle, je suis contente que mon article puisse te rassurer 🙂
Je comprends ton angoisse des réseaux sociaux, ce n’est pas toujours simple à gérer émotionnellement, mais en même temps ça offre une visibilité indéniable !