L’univers d’Halloween se prête parfaitement à la littérature : entre crainte, mystère, transgression et retour à l’invisible, il offre un terrain foisonnant aux figures terrifiantes qu’on célèbre à cette période …
Dans cet article, je vous propose d’explorer six grands archétypes de la fiction horrifique et fantastique : comment ils fonctionnent, pourquoi ils nous parlent et comment les exploiter dans votre propre écriture.
1. Le fantôme
L’archétype du fantôme correspond à la vie après la mort, à l’absence de clôture entre les deux mondes, et à ce qui revient nous hanter (au sens propre comme figuré). Il symbolise une mémoire qui ne veut pas cicatriser et une trace refusant de s’effacer.
💡 Dans la tradition gothique, les maisons abandonnées, les manoirs et les cimetières sont souvent associés à la figure du revenant. Ils constituent une véritable esthétique, une ambiance caractéristique de cet archétype (qu’on peut exploiter ou contourner, au choix).
✍️ Utilisez le non-dit et les zones d’ombre. Le fantôme ne se révèle pas forcément dans un cri ou une apparition spectaculaire : parfois une impression de présence dans le dos ou une sensation malaisante est bien plus glaçante. Et n’oubliez pas qu’avec cet archétype, l’atmosphère importe autant que l’action.
📚 Miranda de Nina Gorlier revisite l’archétype du revenant de manière originale, puisque l’histoire est racontée du point de vue du fantôme. L’ambiance est subtilement malaisante, avec sa maison hantée si particulière. On y trouve aussi en filigrane le thème du traumatisme passé, qui vient hanter l’héroïne autant qu’elle-même hante la maison.
2. Le vampire
Le vampire évoque la séduction, la frontière entre vie et mort, l’énergie vitale volée ou dévorée. Depuis le classique Dracula de Bram Stoker jusqu’aux nombreuses déclinaisons modernes, cet archétype ne cesse de fasciner la littérature.
💡 L’archétype du vampire s’impose comme figure centrale de la transgression. Il est souvent lié à l’interdit (sexuel, social, moral) mais peut aussi être une métaphore de la dépendance, de la peur de perdre notre substance ou de l’autre qui nous consomme.
✍️ Contournez le cliché un peu éculé des vampires en explorant leur humanité. Mettez l’accent sur leurs pensées, leurs doutes et leurs souffrances … mais sans gommer leur facette cruelle et sanguinaire. Cette dualité apporte beaucoup d’intérêt et de complexité à l’archétype.
📚 La saga vampirique d’Anne Rice revisite avec brio la figure du vampire. Elle fait de ces créatures nocturnes de véritables êtres torturés et doués de sentiments, sans nier leur part d’ombre.
3. Le loup-garou
La créature hybride (humain/animal) cristallise l’idée de l’instinct, de la perte de contrôle, de la peur de soi-même et bien sûr de la part sauvage qui sommeille en nous. Le loup-garou est l’archétype de la métamorphose forcée, de l’horreur interne.
💡 Depuis l’obsession gothique pour la dualité humaine (L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde), la bête intérieure est un thème fort. La période d’Halloween, où la frontière entre les mondes est mince, sert de cadre parfait pour ce type de transformation !
✍️ Travaillez le rythme de la transformation : glissement subtil → crise → réveil. Le décor (forêt, ville déserte, ruelle éclairée faiblement) peut renforcer l’effet.
📚 Notre Dame des Loups d’Adrien Tomas revisite cet archétype. On y suit un groupe de veneurs qui s’enfonce dans de gigantesques forêts obscures pour traquer des loups-garous sanguinaires. Le roman nous plonge dans une ambiance oppressante grâce à un décor sombre et à un choix narratif donnant l’impression que le piège se referme peu à peu sur tous les personnages.
4. La sorcière
La sorcière est une autre figure forte de la transgression. Elle rejette l’ordre social, religieux et moral imposé. Cet archétype détient souvent une forme de savoir ancestral ou occulte. Elle a un lien privilégié et mystique avec la nature. Toute cette somme de savoirs, refusés aux femmes dans les sociétés anciennes, font d’elle une figure de pouvoir féminin redoutée.
💡 Si, dans les contes anciens, la sorcière incarne le mal et le danger, à partir du 20ème siècle, elle devient un symbole de libération. Elle incarne alors la résistance à l’oppression patriarcale et la reconnexion au pouvoir féminin. Dans la littérature contemporaine, elle est souvent réhabilitée comme sage, guérisseuse, ou figure de résilience.
✍️ Travaillez la zone floue entre bien et mal : la sorcière n’est pas seulement maléfique. Vous pouvez jouer sur sa solitude et son savoir. Son pouvoir et son exclusion sont souvent les deux faces d’une même pièce, ce qui donne matière à conflit interne.
📚 Circé de Madeline Miller est un magnifique roman revisitant le mythe de la sorcière grecque du même nom. Dans cette histoire, nous découvrons à quel point Circé se sent seule et isolée, mais nous comprenons aussi que son exclusion lui permet de développer sa magie. Ce livre a été un coup de cœur pour moi.
5. Le monstre
L’archétype du monstre – qu’il soit créé ou transformé ou intrinsèquement « autre » – porte les peurs de la différence, de l’excès et de la transgression des frontières (humain/inhumain, vie/mort, normal/aberration).
💡 Dans les mythes anciens, le monstre est un signe du désordre, une anomalie qui révèle quelque chose du monde ou de l’humain. Ainsi, dans la mythologie grecque, les monstres (Hydre, Méduse, Minotaure…) incarnent les peurs fondamentales du chaos et de l’hybridation du soi.
✍️ Dans le cas d’un monstre créé, exploitez le conflit interne créé par le changement. Le monstre ne revient pas à sa forme humaine (contrairement au loup-garou) : son altération est permanente. Le conflit vient de l’acceptation compliquée ou du rejet de ce nouveau soi. Pensez aux conséquences psychologiques.
📚 Frankenstein de Mary Shelley est un monstre né de l’orgueil humain, puisqu’il est issu d’un scientifique qui n’a pas su se poser de limites. Tout l’intérêt émotionnel du livre, selon moi, réside dans le conflit interne du monstre, qui souffre de son apparence car elle l’empêche de s’intégrer à la société et d’être aimé. Ainsi, ce qui finit par le rendre monstrueux à l’intérieur (lorsqu’il devient meurtrier), c’est son humanité blessée.
6. L’enfant malfaisant
Cet archétype est d’autant plus intéressant qu’il joue sur le contraste. Il s’appuie sur la peur de la perte de l’innocence et sur l’échange des rôles : ce n’est pas la créature maléfique qui terrifie, mais la crainte que l’innocence devienne néfaste. Cet archétype touche à une peur fondamentale : et si ce qui est pur pouvait-être corrompu ?
💡 La quintessence de cet archétype, c’est l’enfant perverti par une force démoniaque … Il devient ici le vecteur d’une volonté surnaturelle. L’enfant ne choisit pas d’être corrompu, mais subit des changements qui transforment son innocence en menace.
✍️Travaillez la voix de l’enfant avec soin, entre simplicité et suggestion. Ce qu’il ne dit pas peut être plus effrayant que ce qu’il raconte. La corruption ou la perte d’innocence doit se faire subtilement et progressivement.
📚 On retrouve le thème de l’innocence corrompue dans Entretien avec un vampire d’Anne Rice. Cet archétype est incarné par le personnage de Claudia, une fillette transformée en vampire que l’immortalité finit par pervertir. Ce n’est pas le personnage le plus menaçant du livre, mais personnellement, c’est celui qui m’a le plus glacée, et de loin !
J’espère que ce topo sur les archétypes d’Halloween vous a plu ! Terminons avec quelques conseils :
- Travaillez votre atmosphère : le cadre (veille de Toussaint, maison isolée, forêt, ville désertée) est un personnage à part entière dans un récit d’Halloween.
- Mélangez les archétypes : souvent, Halloween fait coïncider plusieurs archétypes (sorcière, vampire, fantôme …) dans un même récit.
- Jouez sur la transition : Halloween est un moment de passage (vie/mort, visible/invisible). Faites de ce seuil un moteur dramatique !
- Utilisez la peur comme miroir : les archétypes ne sont pas seulement là pour effrayer, mais pour révéler quelque chose de nous-mêmes (peurs, désirs, tabous).
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