Faut-il écrire à la première ou à la troisième personne ?

Bonjour à tous ! Je reviens par ici pour répondre à une question, qui m’a été posée par une lectrice du blog, sur un sujet auquel je n’avais encore jamais consacré d’article :

Je suis actuellement en train de rédiger mon premier roman, et je me demande si le mieux est de parler à la première personne ou à la troisième personne. Comment se décider ?

Ka.

Bonjour Ka. et merci pour cette question qui me permet d’aborder un sujet intéressant !

Commençons avec un petit rappel :

✍️ La première personne du singulier est l’emploi du pronom « je » dans un roman.
–> Je regarde vers la plaine et j’aperçois ma sœur.

✍️ La troisième personne du singulier est l’emploi du pronom « il/elle » dans un roman.
–> Mina regarde vers la plaine et aperçoit sa sœur.

Les deux cas sont couramment utilisés en littérature, et ils sont tout aussi valables l’un que l’autre. On peut tout de même creuser un peu et se demander ce qui différencie leur usage.

Les avantages de la première personne

En théorie, on dit que la première personne permet une meilleure identification au héros avec un côté plus direct, qui nous plonge dans l’action, tandis que la troisième personne instaurerait une distance moins propice à l’immersion. J’ai aussi déjà entendu dire que la première personne était à privilégier dans les romans jeunesse, pour mieux accrocher les lecteurs novices.

Les avantages de la troisième personne

Tous les auteurs ne sont pas à l’aise avec l’écriture à la première personne, qui peut être plus délicate à manier. Et les défenseurs de la troisième personne, qui reste l’option la plus fréquente, prétendent qu’elle a un côté plus élégant et littéraire (certains lecteurs sont d’ailleurs allergiques à la première personne).

Dans les faits, je ne suis pas toujours d’accord avec ces arguments.

En tant que lectrice, j’ai adoré certains récits à la première comme à la troisième personne. Je ne trouve pas que la troisième soit un frein à l’immersion, ni que la première manque de style. Tout dépend de la manière dont le récit est écrit. J’ai donc envie d’illustrer mon opinion avec deux contre-exemples, qui vont à l’encontre des poncifs qu’on peut entendre sur la première et la troisième personne.

📘 Le premier roman qui me vient en tête est L’étranger de A. Camus. Ce classique est écrit à la première personne, mais il nous présente un héros insensible et désabusé, extérieur à sa propre vie (ce qui est la volonté de l’auteur).

📕 A l’inverse, la saga Le Trône de Fer de G.R.R. Martin, écrite à la troisième personne, a le don pour nous faire entrer en empathie avec ses personnages (même les pires).

Tout ça pour te dire qu’il n’y a pas de règle à suivre absolument, selon moi.

Mais alors, comment se décider ?

On a souvent une préférence qui s’impose d’elle-même, un instinct littéraire qui nous pousse naturellement vers l’une ou l’autre de ces options narratives. Mais, en cas d’hésitation :

• Tu peux te questionner sur tes lectures : sont-elles plus souvent rédigées à la première ou à la troisième personne ? On est plus enclin à écrire un premier roman dans un style qui ressemble à ce qu’on lit.
• Le mieux reste d’expérimenter la première et la troisième, et de voir avec quelle option ton écriture vient le plus facilement.

💡 Par souci de cohérence, mieux vaut garder le même point de vue durant tout le roman. Il est par contre possible d’écrire un livre à la première personne et un autre à la troisième, en fonction de son envie du moment et du style qu’on a envie de donner à telle ou telle histoire. Car, ce qui est indéniable, c’est que chacune de ces voix narratives résonne différemment.

En conclusion, Ka., je te conseille de tester, d’expérimenter et de choisir l’option qui te sera plus naturelle et te permettra d’avancer. L’essentiel reste d’écrire 😊

Si vous aussi, vous avez des questions sur l’écriture, n’hésitez pas !