C’est bien connu : les écrivains sont des créatures étranges, qu’il faut approcher doucement et nourrir avec précaution. Cet article ne va pas démentir le cliché, puisque je vous y présente les routines d’auteurs les plus incongrues (et bizarrement efficaces) dont j’ai entendu parler 🙃
Il va être question de pommes pourries, de running et de vêtements enfermés à clé. Et si vous êtes attentif, peut-être parviendrez-vous à glaner quelques conseils utiles dans le lot …
George Simenon : une semaine intense
L’auteur belge vivait l’écriture de ses livres comme un sprint. Sa routine d’écriture était incroyablement productive. Avant de commencer un roman, il faisait venir un médecin pour ausculter sa famille et lui-même, interdisait toute visite et refusait qu’on lui amène du courrier pendant les prochains jours. Puis Simenon s’enfermait dans son bureau durant tout le processus d’écriture, gardant les mêmes vêtements tant que le point final de son roman n’était pas posé. Ainsi, il parvenait à écrire un Maigret en une semaine.
Friedrich von Schiller : de quoi tomber dans les pommes
Avez-vous déjà entendu dire qu’il n’était pas nécessaire de souffrir pour écrire un roman ? Ce n’était pas le point de vue de Friedrich von Schiller. L’écrivain allemand avait trouvé une routine imparable pour contrer la procrastination : il plaçait des pommes pourries sous son bureau. Leurs relents le motivaient à écrire vite pour quitter la pièce le plus rapidement possible 😬. Dorénavant, vous savez où ranger votre bac à compost …
Amélie Nothomb : du thé en intraveineuse
Si vous avez du mal à émerger du sommeil à 7h30, pensez à Amélie Nothomb, qui se met au travail quotidiennement dès 4h du matin. Pour tenir le coup, elle avale un demi-litre de thé noir. Les dimanches et les jours de grippe n’échappent pas à cette discipline de fer. Une routine qui s’avère payante, puisque l’autrice précise : « Les ¾ du temps je n’ai aucune idée de ce que je vais écrire, ça me parait beaucoup trop difficile pour moi. Mais ce qui me facilite la vie, c’est que je ne me laisse aucun choix. »
Victor Hugo : se mettre à nu dans son récit
Lors de l’écriture de Notre-Dame de Paris, le célèbre écrivain français a testé une routine anti-procrastination pour le moins … dissuasive. Victor Hugo se déshabillait totalement et faisait enfermer ses vêtements dans un placard avant de se mettre au travail. Finie la petite ballade de diversion pour fuir son manuscrit !
Gustave Flaubert : des voisins conciliants
L’auteur de Salammbô suivait un processus bien rodé pour parfaire ses romans. Flaubert disposait d’une pièce spéciale, nommée « le gueuloir », dans laquelle il déclamait ses textes pour en vérifier l’harmonie sonore. Soyez donc tolérant envers vos voisins, la prochaine fois que vous les entendez crier … cela fait probablement partie de leur routine artistique.
Haruki Murakami : quand écrire rime avec courir
L’auteur japonais ne fait pas les choses à moitié : il se lève à 4h du matin, écrit pendant 5 à 6h puis va courir 10 km avant de se coucher à 21h. Selon Murakami, cette routine martiale lui permet d’entretenir son flow créatif pendant l’écriture de ses romans.
Mark Twain : l’appel du cor
Après avoir pris son petit-déjeuner, l’auteur américain avait pour habitude de s’enfermer dans son bureau pour écrire jusqu’à 17h. Personne ne devait approcher de son antre. Mark Twain plaçait toutefois un cor à l’entrée de la pièce : en cas de force majeure, ses proches pouvaient souffler dedans. Il n’en fallait pas moins pour parvenir à le sortir de sa transe créative. Voilà qui va rendre envieux tous ceux qui se laissent déconcentrer par la moindre notification de téléphone …
Qui est tenté par l’une de ces routines plutôt … particulières ?
Amélie Notomb, si elle boit du thé, ce n’est qu’en le laisser trop infuser pour le rendre hyper amer, et ainsi provoquer un réflexe vomitif. Elle s’envoie ainsi des fruits moisis pour la même raison et se trouver dans de bonnes dispositions pour écrire. Dixit elle-même chez Ardisson.
Ce passage chez Ardisson date d’il y a 24 ans … De l’eau a sans doute coulé sous les ponts depuis (on change énormément en plus de deux décennies). Et je me rappelle avoir eu l’impression, en écoutant cet interview, qu’elle forçait le trait de ses névroses pour marquer les esprits. Je préfère nettement les interviews plus récentes d’Amélie Nothomb qui me semblent plus sincères, je trouve que c’est une femme drôle et passionnante à écouter.
J’ai déjà fait plusieurs fois la routine de Victor Hugo, ça ne fonctionne pas si bien que ça ^^’
Ahah le souci à notre époque, c’est que les moyens de fuir notre manuscrit se trouvent aussi bien chez nous qu’à l’extérieur. Il faudrait donc enfermer notre téléphone, notre box internet désactivée et notre télé avec nos vêtements pour que ça marche 😁