Aujourd’hui, on va parler d’un thème intéressant que je n’ai encore jamais abordé sur le blog : le silence. Et je ne parle pas du fait d’écrire dans un environnement calme, mais plutôt de la manière dont on peut utiliser le silence au sein même de son roman.
Pourquoi ? Parce que c’est un outil puissant pour faire passer des émotions. Dans la vraie vie, les moments de grande intensité sont souvent marqués par ce qu’on ne dit pas, que ce soit par gêne, douleur, fierté, crainte de blesser ou peur d’ouvrir les vannes. Pour toutes ces raisons, dans un roman, le silence permet de :
• Créer une tension émotionnelle (parfois, le non-dit pèse plus lourd que le mot dit).
• Laisser de l’espace au lecteur pour ressentir les choses à sa manière.
• Suggérer au lieu d’expliquer, ce qui rend le texte plus subtil et évocateur.
Bref, c’est un mécanisme d’écriture super intéressant ! On peut alors se demander comment le manier dans nos textes. Voici 5 pistes pour y parvenir.
1. Montrer au lieu de dire
Faites confiance à votre lecteur. Il n’a pas besoin que vous précisiez « Marc est brisé » si tout dans son comportement l’exprime déjà. Au contraire : votre texte sera bien plus fort si vous le montrez par sa manière d’être (on en revient au bon vieux Show don’t tell).
✍️ Exemple :
Au lieu de dire :
« Il était anéanti. »
–> Essayez :
« Il resta debout dans l’entrée, les clés dans la main, comme s’il avait oublié pourquoi il était rentré. »
⚙️ Ici, vous ne dites pas que le personnage est bouleversé. Vous le montrez par une image qui aura un impact beaucoup plus émotionnel sur le lecteur.
2. Glisser des silences dans les dialogues
Ah, les dialogues ! Ils sont toujours délicats à manier pour rester à la fois impactants et subtils. Sachez cependant que les silences entre les répliques, comme les phrases inachevées ou les brusques changements de sujet sont souvent plus chargés d’émotion que les mots.
✍️ Exemple :
« Est-ce que tu me diras un jour si … »
Elle haussa les épaules et se tut.
« Oublie. Ce n’est pas important. »
⚙️ Ici, le non-dit crée du mystère, une faille, de la douleur latente. Le lecteur sent que quelque chose coince et ça rend le personnage plus profond à ses yeux.
3. Utiliser l’ellipse pour éviter d’en faire trop
Il est inutile de tout montrer. Rien de pire pour créer des longueurs qui paraîtront plates et ennuieront à la lecture … Souvent, sauter un passage ou le montrer de manière indirecte peut être aussi impactant que de le décrire frontalement.
✍️ Exemple :
Au lieu de décrire la mort d’un personnage, on pourrait dire :
« Le fauteuil était resté vide, comme chaque matin depuis cette matinée de décembre. »
⚙️ Dans cet exemple, un simple détail du quotidien suggère une perte immense.
4. Jouer avec la retenue des personnages
Tous les personnages ne sont pas démonstratifs. Un protagoniste qui ne pleure pas, mais serre la mâchoire, ou évite le regard, peut émouvoir davantage que s’il éclatait en sanglots. Je ne sais pas vous mais moi, dans les livres, je souvent suis plus émue par les personnages qui souffrent sous leur carapace que par ceux expriment facilement leurs émotions …
✍️ Exemple :
« Il lui tendit la photo. Pas un mot. Pas un regard. Sa main tremblait un peu. »
⚙️ La pudeur émotionnelle de cette scène crée une tension susceptible de toucher le lecteur.
5. Manier le silence pour doser le rythme
En écriture, le rythme est crucial. Les dialogues et les scènes d’action sont essentiels, mais s’il y en a trop, le lecteur s’essouffle. Le silence peut prendre la forme d’une pause narrative qui donne du relief au reste du texte. Rythmer avec le silence, c’est savoir alterner entre passages denses et moments plus calmes, pour permettre au lecteur de digérer.
✍️ Exemple :
« Son poursuivant était loin, mais la respiration de Pierre haletait toujours. Il serra ses bras contre lui pour se calmer. Quand il était enfant, il lui arrivait de se réveiller en sueur après un cauchemar. Il ressentait la même terreur qu’à cette époque, sauf qu’aujourd’hui, il savait que ce n’était pas un rêve. Aucun réveil ne viendrait mettre fin à son angoisse. »
⚙️ Ici, l’introspection du personnage permet de souffler après une scène d’action intense, mais aussi de densifier le protagoniste en montrant ses ressentis et ses réflexions.
En résumé, je dirais que le silence n’est pas un vide mais un espace chargé d’émotion, quand on apprend à l’utiliser dans son roman ! Ce qu’un personnage ne dit pas, ne fait pas, évite ou interrompt est souvent bien plus fort que ce qu’il exprime. Bien entendu, ce procédé, comme tous les autres, est à manier subtilement et avec parcimonie pour rester efficace.
Bonne journée à vous 😊





Bonjour Charlotte , un grand Merci ça m’inspire beaucoup les petites astuces que tu proposes.
je vais les intégrer dans un atelier d’écriture ludique que je propose dans mon village,en Ariège pour animer les anciens.
Merci pour ton message, super pour ton atelier 😊