Savez-vous quels romans nous touchent le plus ?
Ceux qui font écho en nous ou qui reflètent notre société, notre époque, et donc nos problématiques. De tels récits accrochent notre intérêt et nous touchent en plein cœur (et peuvent même contribuer à changer les mentalités …)
Aujourd’hui on va parler des questions environnementales dans l’écriture puisqu’elles font, à juste titre, partie des préoccupations principales pour beaucoup d’entre nous !
En littérature, le thème écologique peut revêtir bien des formes. Par exemple, aux Etats-Unis, il y a une tradition du Nature Writing : ce genre littéraire explore les grands espaces et questionne la solitude de l’homme face à la nature. Le sujet écologique peut aussi s’exprimer par le biais d’une dystopie, genre qui dévoile ce que pourrait devenir le monde suite aux dérives de l’humanité.
Mais aujourd’hui c’est sous un autre prisme que je voudrais aborder le thème de l’écologie en littérature, puisqu’il va être question de fantasy 😊
Les bons romans fantastiques évoquent notre réalité sous couvert d’aventures surnaturelles. Et ce sont parfois les préoccupations écologiques qui se lisent entre les lignes.
Voici quelques pistes si vous choisissez d’aborder cet angle dans votre roman :
- Profitez de la liberté qu’offre le genre fantastique pour inventer des créatures ou des mondes qui font écho aux préoccupations écologiques.
- Humanisez la nature, personnifiez-la, attribuez-lui des sentiments.
- Mettez en exergue la lutte entre la nature et les dangers qui menacent la Terre.
Pour illustrer ce thème, je vais vous parler de 2 sagas littéraires dont l’univers fantasy peut se lire comme une métaphore écologique 🧐
Les Ents du Seigneur des Anneaux
Des défenseurs de la nature
Si vous connaissez le monde foisonnant créé par Tolkien, vous vous rappelez forcément des Ents !
Ces créatures de la forêt ressemblent à des arbres doués de parole et de mouvements. À mon sens ils font partie des êtres les plus fascinants de la trilogie du Seigneur des Anneaux.
Les Ents sont aussi hauts que des arbres, ont une peau faite d’écorce et des branches broussailleuses en guise de poils et de cheveux. Leur tempérament s’accorde à la philosophie que l’on attribue à la nature : ils agissent avec lenteur, souhaitent rester neutres dans les conflits qui agitent les autres peuples et ne prennent jamais de décision sans avoir mûrement réfléchi au préalable.
Pour nous lecteurs, le plus emblématique d’entre eux est Sylvebarbe, l’Ent qui se lie d’amitié avec Merry et Pippin 😊
Peuple secret, les Ents vivent isolés dans la forêt, où ils prennent soin de la nature. Ils auraient d’ailleurs été conçus à la demande de Yavana, la créatrice des plantes, qui déplorait que ses enfants soient sans défense face aux peuples de la Terre du Milieu … Dès leur création, les Ents se posent donc en défenseurs de la nature.
Il faut dire que leur force et leur résistance fait d’eux des créatures potentiellement redoutables. Ils n’ont pas l’âme guerrière, mais peuvent entrer dans une fureur noire si leur forêt est en danger.
Un peuple menacé de disparition
Tolkien pousse plus loin la métaphore écologique en laissant entendre que ce peuple est en voie d’extinction.
Les Ents ne subsistent que dans la forêt de Fangorn, or celle-ci s’amenuise avec le temps. Les Ents femelles ont disparu et il n’y a désormais plus d’enfants Entiges, ce qui met la survie de l’espèce en péril …
L’amertume pousse certains Ents à retourner à l’état sauvage, sous la forme d’un arbre dangereux que l’on appelle un Huorn. Ces derniers sont bien plus hostiles que les Ents : ils bougent rarement mais, quand ils le font, peuvent se montrer meurtriers envers les autres peuples, notamment les orques qu’ils détestent.
La bataille métaphorique de L’Isengard
(SPOILER) Dans le 2ème tome du Seigneur des Anneaux, Sylvebarbe découvre qu’une partie de la forêt a été ravagée par Saroumane. Sous l’effet de la colère et du chagrin, Sylvebarbe rallie alors ses frères Ents pour partir à l’assaut de la forteresse d’Isengard, la place forte du mage.
C’est ainsi que débute la bataille opposant les Ents aux forces de Sauron.
On peut lire cet affrontement comme la métaphore de l’opposition entre la nature et l’industrie dans notre propre monde 🌳 ⚡️ ⚙️
Notons d’ailleurs que, dans Le Seigneur des Anneaux, le mal est souvent représenté par des machines, alors que le bien est associé à la nature. Sylvebarbe prétend même que la pensée de Saroumane est constituée d’acier et de rouages …
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Pas étonnant que Tolkien ait fait passer ce message dans son œuvre : l’auteur était préoccupé par l’écologie, comme le prouve cette citation de lui datant de 1972 :
« Là où des arbres sont en train de pousser, le bruit des scies électriques est toujours sauvage. »
L’Arbre-Monde de Tobie Lolness
La poésie végétale de l’Arbre
Tobie Lolness est une série jeunesse de 2 romans signée Timothée de Fombelle. Elle peut se lire comme une fable écologique et a pour toile de fond un univers aussi délicat qu’adorable, puisque l’histoire se déroule dans un grand arbre 😊
Tobie, le héros, est un petit être de 1 millimètre et demi qui a grandi dans une maison creusée dans l’écorce. Tout au long de l’aventure, on parcourt avec lui les différents paysages de l’Arbre, des cimes ensoleillées aux basses branches humides et sauvages …
Timothée de Fombelle raconte avoir été inspiré par la contemplation des arbres pour la création de cet univers :
« Depuis très longtemps, je regarde les cimes des arbres, je les vois osciller dans le vent, et je me dis : c’est un monde clos, très proche d’une planète. J’ai l’impression qu’un petit peuple pourrait y vivre. »
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Préservation de la nature vs progrès technologiques
(SPOILER) Tout au long de l’histoire, Tobie est en fuite. Le petit peuple de l’Arbre a jeté ses parents en prison et Tobie est lui-même traqué pour être enfermé. La raison ? Son père, un savant aussi génial qu’intègre, a refusé de livrer le secret de son invention révolutionnaire … qui permettrait de changer la sève de l’Arbre en énergie motrice.
Or, des personnages mal intentionnés, dirigés par l’odieux Jo Mitch, risqueraient de s’en servir pour détruire l’Arbre …
Le père de Tobie cherche au contraire à prouver que l’Arbre est un écosystème vivant et vulnérable, qu’il faut préserver à tout prix.
Hélas, ses mises en garde sont ignorées par ses pairs, qui sont aveuglés par les avantages économiques que leur apporterait l’exploitation de l’Arbre. Aussi décident-ils d’emprisonner le père de Tobie et sa famille pour le contraindre à livrer le secret de son invention.
Le reflet de notre monde
Ce qui frappe très vite à la lecture de Tobie Lolness, ce sont les similitudes entre le petit peuple de l’Arbre et l’humanité. L’Arbre est une métaphore de la Terre : comme notre planète, il est vivant, fragile et menacé 🌎
Les problématiques écologiques que rencontrent ses habitants évoquent les nôtres : la surexploitation des ressources naturelles, l’impact des découvertes scientifiques, l’ambition démesurée des hommes qui veulent toujours plus tirer profit de la nature au lieu de la préserver … toutes ces questions font écho en nous !
Bref, le microcosme de Tobie Lolness se lit comme un miroir poétique et engagé de notre monde. Etant donné qu’il s’agit d’un roman ado, c’est aussi l’occasion pour les plus jeunes de prendre connaissance de ces problématiques.
Terminons sur ces quelques mots, prononcés par le père de Tobie :
« Je pense que la sève brute appartient à notre Arbre. Je pense que l’Arbre vit grâce à elle. Utiliser son sang, c’est mettre le monde en danger. Chacun est libre de chercher pour trouver ce que j’ai trouvé. […] Mais moi, je préfère ne rien dire de plus, pour que le fils de mon fils puisse encore un jour se pencher sur une fleur ou un bourgeon. »
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FICHE CADEAU
J’ai réuni pour vous 7 conseils d’écriture donnés par de grands auteurs fantasy : Philip Pullman, Robin Hobb, J.R.R. Tolkien, J.K. Rowling, Neil Gaiman, Ursula K. Le Guin et George R.R. Martin 🙂
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Merci pour cette belle analyse de romans et pour la découverte de Tonie Lolness que je ne connaissais pas.
Dans un autre genre, mais également sur le thème des arbres et de la nature , la BD de Zep « The end » est une fable écologique qui fait beaucoup réfléchir.
Je te souhaite un agréable mois d’août.
Je ne connaissais pas cette BD de Zep, merci à toi pour la découverte 😊
Du coup j’ai un peu regardé de quoi il s’agit et le sujet m’intrigue beaucoup, je vais sans doute la lire.
Bon mois d’août à toi aussi !
Merci, c’est toujours un plaisir de vous lire ^^
Merci à vous pour ce commentaire !
merci Charlotte tes conseils sont précieux
De rien merci à toi 😊
Merci beaucoup pour cet article, je le trouve vraiment passionnant ! Il donne envie de se mettre à écrire de suite ^^
Merci pour ton message Théo 🙂