L’écriture créative pour libérer sa plume

On va parler de jeu et d’imagination avec l’écriture créative.

À la base, celle-ci a émergé en opposition avec la rédaction journalistique, qui sert à exposer des faits et à transmettre des informations. L’écriture créative, elle, n’est ni formelle, ni utile. Elle utilise les sens et les émotions afin de créer un texte à l’esthétique particulière, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, mais qui ne laisse pas indifférent.

C’est elle qu’on utilise dans les poésies, les nouvelles et les romans.

Aujourd’hui, on va aller encore plus loin et prendre l’écriture créative dans ce qu’elle a de plus libre. Je ne vais pas vous parler d’écriture de fiction au sens de récit structuré, que l’on écrit pour qu’il soit lu. On va plutôt se demander comment jouer avec les mots pour déployer son imaginaire.

Pourquoi pratiquer l’écriture créative ?

Pour s’amuser

C’est la base de l’écriture créative. Ici, il n’est pas question de manuscrit à finir pour concrétiser son projet d’écrire un roman. On est dans l’amusement pur. Avec cette pratique, on va chercher à jongler avec les mots, à expérimenter son rythme, à laisser jaillir son imagination … le but est avant tout récréatif.

💡 Les jeux d’écriture se basent le plus souvent sur une contrainte, autour de laquelle on écrit. Il ne faut pas voir cela comme un obstacle mais plutôt comme un cadre. Les thèmes imposés stimulent l’imagination. Ils nous permettent d’écrire sur un sujet auquel on n’aurait jamais pensé devant une simple page blanche.

Pour progresser

Même si l’intérêt premier est de s’amuser, l’écriture créative aide aussi à affûter sa plume.

L’écriture est comme un muscle, qui se façonne avec la pratique. L’air de rien, écrire régulièrement grâce à des jeux permet d’huiler la mécanique, et de rendre l’écriture plus facile, plus spontanée.

C’est un bon moyen d’éviter l’angoisse de la page blanche, ou celle des mots qui peinent à sortir quand on commence un roman. On a aussi une plume moins maladroite, puisqu’on a pris l’habitude d’écrire. Ainsi, l’écriture créative est un bon moyen de perfectionner son style, ou même d’en tester différents jusqu’à ce qu’on trouve le sien.

⚙️ Ce qu’on produit lors d’une séance d’écriture créative peut nous donner des idées à recycler dans un roman. Ces jeux peuvent faire naître en nous quantité d’embryons d’histoires à développer.

Pour aller mieux

L’écriture est connue pour ses vertus thérapeutiques. Avoir un carnet intime dans lequel on jette ses pensées négatives est un bon moyen de se décharger et de prendre du recul. Certes, ce n’est pas exactement l’approche de l’écriture créative, mais celle-ci a d’autres bienfaits pour le mental.

Car les jeux d’écriture permettent souvent d’exprimer ce qui nous anime de manière détournée. L’écriture créative est un bon moyen de sublimer le réel, d’utiliser sa vie et ses émotions comme un matériau, et ainsi de le transcender.

Sans oublier qu’il est libérateur d’écrire sans pression et sans chercher à bien faire. Avec la pratique, on apprend à se lâcher. C’est une bonne thérapie pour les perfectionnistes !

Comment expérimenter l’écriture créative ?

Participer à un atelier d’écriture

On trouve des séances en groupe un peu partout, et c’est l’une des meilleures façons de pratiquer l’écriture créative.

Les rendez-vous nous poussent à la pratique régulière. L’animateur de l’atelier donne des thèmes et des jeux que l’on ne choisit pas, et qui nous orientent donc sur des sentiers que l’on n’aurait pas adoptés de nous mêmes. Il n’y a rien de plus stimulant.

L’autre atout de ces ateliers est le contact humain, puisqu’on partage ses textes avec d’autres personnes. Lire ses écrits à vois haute peut faire peur au début, mais c’est une démarche qui fait du bien et aide à s’affirmer. Car ces ateliers sont bienveillants : on n’est pas jugé sur son niveau ou sa performance, tout le monde est là pour s’exprimer.

🌐 Il existe aussi des ateliers d’écriture en ligne, mais pour le moment je n’ai jamais essayé.

S’amuser avec les jeux d’écriture

Si on n’a pas le temps ou l’occasion de se rendre à un atelier, on peut aussi faire des jeux d’écriture de chez soi ! Ce n’est pas aussi facile de s’y tenir que quand on s’est abonné à un atelier, mais c’est un bon début.

J’ai déjà écrit un article proposant 20 jeux d’écriture que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

En voici trois exemples :

• Écrivez un poème à la gloire d’un objet du quotidien (éponge, fourchette, brosse à dents …)
• Dénichez une couverture de livre qui vous intrigue, et dont vous ne connaissez pas l’histoire, puis écrivez un texte à partir de ce qu’elle vous évoque
• Réécrivez un passage de conte célèbre du point de vue du méchant, de manière à ce qu’on comprenne enfin ses motivations

Mettre sa vie en mots

Je ne parle pas d’écrire votre autobiographie ! (Quoi que, pourquoi pas, mais ce n’est pas le sujet de l’article)

Il s’agit plutôt de poétiser son quotidien, de garder une trace de ses journées, de transposer ses émotions et expériences de manière créative. Vous pouvez par exemple :

Tenir un journal de vie

Il ne s’agit pas du carnet intime évoqué en début d’article (même si je le trouve important, personnellement) mais plutôt d’un journal créatif où vous pourriez vous exprimer avec des mots, des dessins, des collages … L’ambiance d’un film vous a marqué ? Écrivez un poème pour la retranscrire, accompagné d’un collage photo. Vous faites un voyage captivant ? Inscrivez dans votre journal vos descriptions des paysages les plus saisissants. Faites des croquis des personnes que vous aimez. Transformez vos émotions en textes courts. Bref, gardez une trace créative de votre existence.

Écrire ses rêves

Voilà une expérience intéressante. Il ne s’agit plus de prendre pour matériau ses ressentis, mais plutôt sa vie sous-jacente, avec tout le mystère et le foisonnement que cela implique. Les rêves sont de la créativité pure. En plus de vous offrir un certain recul sur vous-même, le fait de noter vos songes peut vous donner des idées d’intrigues et d’ambiances pour d’éventuels romans.

Se lancer dans un défi

Les défis nous stimulent, ils nous permettent de réaliser ce qu’on peine à concrétiser. L’écriture n’échappe pas à la règle. Par exemple, vous pouvez décider d’écrire un haïku par jour pendant un mois, en veillant à ce que chacun exprime une émotion ou une impression singulière qui vous a traversé dans la journée. L’ensemble sera à prendre comme une tranche de vie représentative du mois que vous avez vécu.

Les 3 principes de l’écriture créative

Prendre du plaisir

Dans l’écriture créative, il n’y a pas de place pour la compétition. C’est l’espace de l’amusement. Ne craignez pas les fautes, la grammaire ou le ridicule … Personne ne va vous juger. Faire taire son gendarme intérieur fait partie de l’intérêt de l’exercice.

Expérimenter

L’écriture créative est une exploration. Loin des textes formels et balisés, c’est une forme d’art ou les mots se réinventent. C’est un processus où l’on peut libérer son esprit créatif sans s’encombrer de règles strictes. Alors il ne faut pas hésiter à prendre des risques.

Sortir de sa zone de confort

S’ouvrir à d’autres horizons est le principe même des ateliers d’écriture dont je vous parlais plus haut. C’est dans ce genre d’exercices inattendus que l’on se surprend, que l’on se découvre, que l’on trouve des idées.

Mais on peut aussi se challenger soi-même en allant à contre-courant de ses habitudes d’écriture. Vous ne jurez que par la romance ? Le temps d’un texte court, écrivez du polar. Vous êtes un adepte des textes longs ? Rédigez un haïku. Vous êtes un irréductible des récits à la troisième personne ? Tentez la première. Et pourquoi pas avec des narrateurs multiples !

L’année dernière, j’ai participé à un atelier autour de l’écriture d’une nouvelle. Jusque-là, je n’avais quasiment écrit que des romans. Non seulement j’ai expérimenté un nouveau format, mais dans un genre contemporain et au présent, alors que je n’écris que de la fantasy au passé. J’ai adoré cette expérience. Et honnêtement, sans cet atelier, je ne l’aurais jamais fait de moi-même.

L’écriture créative, c’est aussi casser ses propres codes, et c’est ce qui rend l’expérience si riche.