Écriture

Écrire un roman : pourquoi est-il si difficile de se lancer ?

01/05/2023

Ces derniers temps, j’ai discuté avec plusieurs personnes qui voulaient écrire un roman … mais qui n’arrivaient pas à se lancer. Ce blocage peut durer plusieurs mois, ou même des années. A mes yeux, commencer est d’ailleurs la difficulté qui revient le plus souvent quand on veut écrire.

J’ai donc eu envie d’écrire un petit article pour identifier les causes de ce blocage du tout début. Et aussi pour vous proposer des pistes, qui, je l’espère, aideront certains d’entre vous à se lancer !

1. Parce que c’est un saut dans le vide

Le processus d’écriture est une chose bien étrange. On part d’une idée, qui par essence est impalpable, pour essayer de construire un vrai roman. On passe du « rien » au « tout », en quelque sorte. Ce concept peut être intimidant. C’est comme un saut dans le vide.

Je crois que ce passage de la page blanche aux premières phrases est ce qui bloque le plus les auteurs débutants. D’ailleurs, c’est une appréhension qui concerne aussi ceux qui ont déjà écrit un roman, ou même plusieurs. Cet entre-deux où l’on va se lancer a quelque chose d’inconfortable, de presque vertigineux.

Si je peux vous faire une confidence, ça me fait ça à chaque fois, et pas seulement avec les romans. Avant de rédiger un article de blog, je ressens toujours cette petite résistance intérieure qui me fait procrastiner … Et qui disparaît dès les premières phrases couchées sur le papier.

✍️ Si vous me connaissez, vous savez ce que je vais vous conseiller pour surmonter ce blocage : travaillez sur votre roman avant de vous lancer dans l’écriture. Notez vos idées sur un carnet, construisez un plan, un synopsis, des fiches personnages si c’est votre truc … Bref, commencez à remplir le vide qui vous intimide, non pas avec des tâches rébarbatives qui vous ennuient, mais avec des idées chouettes qui vous donneront le goût de votre histoire.

Attention à ne pas rentrer dans l’autre grand piège de la procrastination : le perfectionnisme, qui nous pousse à préparer un roman à outrance avant de l’écrire … Quitte à ne jamais se lancer, puisqu’il y aura toujours quelque chose à améliorer (hmmm comment ça, vous n’avez pas établi l’arbre généalogique de vos personnages secondaires ?).

Ce qui nous amène au point suivant :

2. Parce que ça met la pression

Quand on veut écrire un roman, on a tendance à placer la barre très haut. On prend pour modèles les livres qu’on admire, et on veut faire aussi bien.

Du coup, on relit cinquante fois le chapitre qu’on vient d’écrire et on le recorrige sans cesse. Ou on s’auto-sabote en dépréciant ce qu’on a écrit. Vous la connaissez, cette petite voix qui vous chuchote à l’oreille que ce que vous avez fait est nul ?

Ce censeur interne est votre pire ennemi. Il vous fait perdre de vue le plaisir d’écrire, et rend la rédaction stressante et douloureuse. Qui aurait envie d’écrire dans ces conditions-là ?

✍️ Je sais que ce n’est pas évident, mais la meilleure solution est de se dire qu’on écrit pour soi et pour se faire plaisir. Et tant pis si ce qu’on produit est perfectible, du moment qu’on s’amuse. Car il sera toujours temps d’améliorer le texte en phase de correction, si on veut être publié (je pense qu’on se mettrait moins la pression si on lisait les premiers jets de nos auteurs préférés …).

Personnellement, dans l’écriture de mes romans, le fait de décortiquer les techniques narratives pour ce blog est un atout … mais aussi un frein. Car j’ai d’autant plus peur de me lancer, que je connais l’existence de tous ces éléments à prendre en compte. A une époque, ça me bloquait. Et puis j’ai réussi à lâcher prise et à accepter mes imperfections.

Voici deux petites astuces pour retrouver la spontanéité de l’écriture, si vous êtes en panne sèche à cause d’un censeur interne tyrannique :

  • Ne vous relisez jamais, sur toute la durée de votre premier jet. Difficile mais libérateur !
  • Retournez un sablier et écrivez le temps que tout le sable s’écoule. Tous les jours. Sans vous prendre la tête sur ce que vous écrivez.

3. Parce qu’on sacralise les premiers mots

Ah, l’incipit ! Vous avez probablement déjà entendu dire qu’il était d’une importance ca-pi-ta-le. Qu’écrire un début de roman mou, plat ou maladroit condamnerait à jamais votre livre. Et c’est vrai que c’est un passage important.

Voilà pourquoi on peut se retrouver à commencer trente fois son roman avant d’effacer ce qu’on vient d’écrire pour recommencer de plus belle.

✍️ Ce blocage rejoint un peu le précédent, puisqu’il concerne aussi la pression qui nous empêche d’avancer. Mais j’ai une bonne nouvelle pour vous aider à le surpasser : votre roman n’a pas à être rédigé de manière linéaire !

Vous pouvez très bien commencer à partir du chapitre 2, et écrire votre 1er chapitre ensuite, quand vous aurez fini votre roman. D’ailleurs, beaucoup d’auteurs réécrivent leur premier chapitre à la fin …

Pour l’anecdote, dans mon roman Red Stone (dont la sortie est imminente !) j’ai écrit le premier chapitre lors de la phase de corrections précédent la publication (sur les conseils de mon éditrice).

Voilà, j’espère que cet article vous motivera … Ne vous torturez plus avec ces premiers mots et lancez-vous 😊

Liens de partage

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  • Catherine le 01/05/2023 à 11 h 47 min

    Excellent article. Moi qui aime aussi écrire, je trouve que tout ces conseils sont bien utiles et aidants.

    • Charlotte le 01/05/2023 à 12 h 35 min

      Merci Catherine !

  • Vanessa le 01/05/2023 à 12 h 13 min

    Merci beaucoup Charlotte pour tous ces conseils, ça me permet de relativiser car je rencontre actuellement la plupart de ces difficultés pour mon 2e roman. Moi qui pensais que ça serait plus simple pour le 2eme 😅

    • Charlotte le 01/05/2023 à 12 h 36 min

      Merci Vanessa, héhé non ce n’est pas forcément plus facile de se lancer quand on en a déjà écrit un !

  • Mina le 01/05/2023 à 12 h 48 min

    Merci Charlotte pour cet article (et pour le site, et tout le reste !) : c’est vrai que se lancer est difficile et qu’on se met la pression mais je trouve que continuer, aller au bout est encore plus compliqué.
    J’ai de nombreux ‘débuts’ d’histoire mais que vais-je en faire ? (c’est peut-être un biais pour demander un article sur comment aller au bout héhé !)

  • Laurie le 01/05/2023 à 13 h 41 min

    Merci beaucoup pour cette article !!!! 😀

    • Charlotte le 03/05/2023 à 19 h 50 min

      De rien 🙂

  • LONGUET le 01/05/2023 à 20 h 10 min

    Bonjour,
    Merci beaucoup pour vos conseils toujours très bien expliqués ..
    pour ma part , je n’arrive pas à me lancer car je n’arrive pas à imaginer mes personnages , et à me projeter à travers eux . J’ai l’idée précise de l’ambiance et du sujet , et je n’ai qu’une envie : commencer , partir avec eux , me laisser happer
    Je penses avoir des difficultés également sur ce qui motive exactement l’existence de cette histoire et des personnages , les messages que je souhaiterais faire passer , ect … je me mets beaucoup de pression car je voudrais revenir à une époque historique .. du coup je fais énormément de recherches depuis longtemps, comme un besoin de m’imprégner … mais la naissance de mes personnages reste ma difficulté majeure . Comment passer ce cap ? Merci 🙏

    • MaLi le 03/05/2023 à 15 h 45 min

      Je ne suis pas du tout une professionnelle mais je pense que (comme s’est écrit dans l’article) il faut parfois se lancer sans que son plan ne sois parfait dans les moindres détails et accepter qu’il ne le sera peut être jamais ! Courage pour ton histoire !

    • Charlotte le 03/05/2023 à 19 h 56 min

      C’est important de ne pas se mettre la pression, et de rechercher le plaisir de l’écriture avant toute injonction. Par exemple, vous n’êtes pas obligé d’avoir un message à faire passer. On peut tout à fait écrire un roman juste pour raconter une bonne histoire !

      Pour ce qui est des personnages, on n’a pas à se « projeter » dedans pour les écrire. C’est déjà bien de leur imaginer une présence physique, un passé, des failles et surtout un but dans l’histoire. J’en parle plus longuement dans mon kit : https://www.laparentheseimaginaire.com/kit-decriture-creer-un-personnage-attachant

      Sinon avez-vous déjà essayé de vous mettre à écrire, sans que tout le travail préparatoire soit parfait ? Cela pourrait peut-être vous débloquer.

      • LONGUET le 06/05/2023 à 22 h 50 min

        Bonjour !
        Merci beaucoup pour votre réponse .
        J’ai écris plusieurs textes ( dont un publié une fois dans une revue ) mais jamais plus..
        j’ai une idée précise sur l’histoire que je voudrais écrire mais je bloque sur la consistance du personnage principal, et la fin de l’histoire..
        d’ailleurs connaissez vous toujours la fin de votre histoire avant de vous lancer ?
        Merci encore pour m’avoir répondu

  • JEANNINE GERSON-PERE le 01/05/2023 à 21 h 27 min

    Merci Charlotte pour cet article bourré de plein de bons conseils.
    J’ai dans la tête le plan de mon nouveau roman, et je crois que – grâce à vous – je vais me lancer !
    Promis ! Juré !
    A bientôt

    • Charlotte le 03/05/2023 à 19 h 57 min

      Bravo Jeannine, le plan c’est déjà un très bon début. Bonne écriture à vous !

  • MaLi le 03/05/2023 à 15 h 43 min

    Merci beaucoup Charlotte pour cet article ! C’est vrai que se (re)lancer est souvent l’étape la plus ardue, personnellement j’ai tendance à trouver toute mes idées « nulles » et à les abandonner et donc à procrastiner 😅
    Merci encore pour tout ce se tu fais et bravo pour Redstone ❤️

    • Charlotte le 03/05/2023 à 19 h 58 min

      De rien Mali, merci beaucoup à toi 😊

  • Enirtourenef le 06/05/2023 à 21 h 01 min

    Le trou du début, oui, ça me le fait à chaque roman. Je me dis : « OK, je SAIS écrire un roman, puisque je l’ai déjà fait. Mais je ne sais pas COMMENT j’ai fait. Donc maintenant : comment je vais faire ? J’arriverai jamais à écrire 160 000 mots [c’est la taille moyenne de mes trucs] sur cette histoire. ». Et puis j’écris et puis ça vient.

    Je crois aussi que ce blocage est un blocage très adulte. Quand j’étais gamine, quand j’ai commencé à écrire, j’avais 11 ans. Je ne me posais pas de questions, pas de « et comment je commence ? il faut combien de personnages principaux ? c’est quoi mon intrigue ? combien de chapitres ? combien de mots par chapitre ? » : j’écrivais, c’est tout (et je ne me pose toujours pas ces questions, d’ailleurs. Ni celle-là, ni celle des adultes : mais mon Dieu, qu’est-ce qu’on va penser de moi ?

    Je fais des ateliers radio avec les gamins. À 11 ans, quand ils parlent dans le micro et entendent leur voix dans le casque, ils s’émerveillent : « j’étends ma voix ! oh ! je m’entends, je m’entends ! ». En Troisième, ils ont déjà les freins des adultes. « J’aime pas ma voix, ah non… j’aime pas ma voix » et ils s’empressent de retirer le casque. J’ai discuté avec un monsieur qui fait des ateliers dessins pour tous les âges, il m’a dit la même chose : les enfants dessinent juste. Ils veulent dessiner l’arbre en fleurs devant eux : ils dessinent sans se poser de question. Les adultes, ils sont déjà dans : « mais ça va pas être bien, je ne sais pas faire, on va me juger, oh mon Dieu mais qu’est-ce qui m’a pris de venir dans un atelier de dessin, ils sont tous meilleurs que moi, c’est une catastrophe ». Alors je crois que oui effectivement la pression qu’on se met sur l’incipit, les modèles qu’on prend sur les livres qu’on aime, etc. tout ça c’est juste, tout ce que tu dis, mais je crois que c’est secondaire : on est intimidés par les livres qu’on aime parce qu’on est adulte. Les enfants veulent « faire comme » les livres qu’ils aiment : ça les porte.

    Donc le vrai problème, quand on bloque, quand on a peur, c’est souvent qu’on est un adulte.

    • Charlotte le 19/05/2023 à 10 h 51 min

      Ah pourtant ma fille de 6 ans se pose déjà beaucoup de questions quand il s’agit de créer des trucs 😅

  • Ciloucr le 07/05/2023 à 23 h 39 min

    Merci pour ce chouette article.
    Je n’ose pas me lancer car je me dis qu’il faut une méthode pour y arriver.
    Passe une belle semaine, bisettes

    • Enirtourenef le 19/05/2023 à 9 h 08 min

      Il faut une méthode, c’est vrai : celle que tu te construiras, qui répond à tes propres manières de raisonner et de fonctionner. Et ça, ça peut se construire en faisant son marcher dans les manières de faire des uns et des autres, mais aussi en testant des trucs ! Quand tu écris, tu crées TOUT : l’histoire, mais aussi la manière de l’écrire et les conditions dans lesquelles tu écris.

    • Charlotte le 19/05/2023 à 10 h 49 min

      Ciloucr : Merci à toi ! Si tu as besoin de t’appuyer sur une structure, il existe la méthode Flocon, j’avais écrit un article à son sujet ici : https://www.laparentheseimaginaire.com/ecriture/la-methode-flocon-pour-ecrire-un-roman